Si ce n’est pas une chasse aux sorcières, cela y ressemble fort. Toujours est-il qu’après la publication des résultats officielles de l’élection présidentielle du 18 octobre dernier, plusieurs membres de l’opposition guinéenne ont été arrêtés. Dans un entretien accordé à RFI, samedi, le président guinéen nouvellement réélu, Alpha Condé, dément toute chasse aux sorcières.
Rien qu’à Conakry et dans sa banlieue, les juges ont écroué, entendu ou ouvert un procès ces derniers jours contre 137 personnes, a indiqué la semaine dernière, Sidy Souleymane Ndiaye, procureur de Dixinn, dans la périphérie de la capitale où se sont produites de nombreuses violences.
Des arrestations intervenues après la proclamation des résultats officiels du dernier scrutin présidentiel par la Cour constitutionnelle, octroyant 49,50% des voix à Alpha Condé, réélu au premier tour. La plupart des 137 personnes écrouées, sont des cadres de l’UFDG de l’opposant Cellou Dalein Diallo, ou du FNDC, opposés au 3e mandat.
Il s’agit, entre autres, de Cherif Bah, vice-président de l’UFDG, cueilli à son domicile par des policiers à bord d’une dizaine de pick-up. Il a été arrêté en même temps que son fils et son neveu, selon son épouse citée par AFP.
Ousmane Gaoual Diallo, chargé de communication de l’UFDG, Abdoulaye Bah, ancien maire de l’UFDG à Kindia, Cellou Baldé, ancien député à l’Assemblée nationale, Etienne Soropogui et Sekou Koundouno, membres du FNDC, ont tous été arrêtés.
Ils sont poursuivis pour détention et fabrication d’armes légères, détention d’armes de guerre, association de malfaiteurs, trouble à l’ordre public, pillages, destructions et participation à un attroupement, propos incitant à la violence, menaces de nature à troubler l’ordre public et la sécurité, selon les autorités gouvernementales.
« Il n’y a pas de chasse aux sorcières »
Dans une interview accordée à RFI, samedi, Alpha Condé, interpellé sur les vagues d’arrestations actuellement en cours en Guinée, a déclaré : « il n’y a pas de chasse aux sorcières en Guinée. Personne n’est ciblé, sauf les gens qui sont accusés d’avoir commandité des actes de violence. Puisque nous avons arrêté les gens, c’est à la justice de trancher. La pagaille, ce n’est pas seulement la pagaille dans les rues. La pagaille, c’est le banditisme. La pagaille, c’est le coupeur de routes, etc… La pagaille, c’est de prendre le peuple en otage ».
Et de poursuivre, « des biens publics et des biens privés ont été cassés. Il y a eu des morts. Il est important qu’il n’y ait plus d’impunité, que ce soit du côté des partis politiques ou des forces de l’ordre parce que la pagaille, ce sont aussi des policiers qui arrêtent les gens et les rançonnent. Toute personne, qu’il soit ministre ou Premier ministre, président ou simple citoyen qui viole la loi doit répondre devant la justice. C’est tout ».
Les violences post-électorales en Guinée ont causé 30 morts selon l’opposition, alors que le gouvernement parle de 21 personnes tuées, dont des éléments des forces de l’ordre.