Alpha Condé, s’en était ouvertement pris à la presse française, notamment RFI et France 24, qu’il avait accusée de caricaturer son régime, mercredi, à l’occasion du lancement du Forum de l’investissement en Guinée. La réponse ne s’est pas fait attendre. L’ancienne directrice de Radio France internationale, Geneviève Goëtzinger a apporté une cinglante réplique au président guinéen.

Devant de nombreux invités, mercredi, Alpha Condé avait déclaré que «la Guinée a fait d’énormes progrès sur le plan des Droits humains, mais on continue à la considérer comme avant. Des pays qu’on dit démocratiques en Afrique, ils mettent leurs opposants en prison. Nous, on n’a jamais mis d’opposants en prison. Les gens qui sont en prison ne sont pas des hommes politiques, malgré la campagne ».

Le président guinéen s’en était ensuite pris aux médias français affirmant que « les journalistes français ne respectent pas les Chefs d’Etat africains. Moi je n’accepte pas qu’on ne me respecte pas. On doit se comporter avec moi comme avec le président français. Ce que tu ne peux pas faire au président français, tu ne le feras pas avec moi. C’est pourquoi RFI et France 24 racontent ce qu’ils veulent. Le mensonge peut aller vite, mais la vérité le rattrape toujours. La véritable image de la Guinée finira par être connue ».

Des accusations pas du tout voilées qui ont fait réagir Geneviève Goëtzinger l’ancienne directrice générale de RFI et ancienne directrice des relations institutionnelles de France Media Monde.

« La différence entre vous et un président français, c’est qu’un président français respecte sa Constitution », a écrit l’ex patronne de RFI sur son compte Twitter, répondant à Alpha Condé.

Geneviève Goëtzinger fait remarquer au chef de l’Etat guinéen qu’un président français « n’envisagerait pas un instant de violer la Constitution pour s’arroger un 3e mandat », avant de conclure que : « la différence entre vous, c’est aussi qu’un président français respecte la liberté de la presse ».

Alpha Condé a été réélu au premier tour pour un troisième mandat très contesté, à l’issue de l’élection présidentielle du 18 octobre dernier, après avoir modifié la constitution lors d’un référendum voté le 22 octobre dernier.

Son principal opposant, Cellou Dalein Diallo s’était déclaré vainqueur du scrutin au lendemain du vote, affirmant détenir les preuves de sa victoire. Son domicile avait été encerclé par l’armée, de même que le siège de son parti et ses bureaux assiégés.

Plusieurs responsables de l’opposition avaient été ensuite arrêtés et emprisonnés après les violentes manifestations qui avaient éclaté dans le pays, faisant des dizaines de morts. Quatre parmi eux sont décédés en détention durant ces 3 derniers mois.