L’Opérateur soudanais de la téléphonie mobile sommé de fermer boutique : « Par décision N°D/009/MPTEN/CAB/2018, le Ministre des Postes, Télécommunications et de l’Économie Numérique, décide de l’arrêt définitif des opérations d’INTERCEL GUINÉE sur toute l’étendue du territoire de la République de Guinée à partir de ce Mardi 09 Octobre 2018 ».
C’est dans ces termes que l’Autorité de Régulation des Télécommunications et de la Poste (ARTP) de la République de Guinée a décidé de mettre fin aux activités de la filiale de la société soudanaise des télécommunications (SUDATEL) en Guinée où elle officiait dans le secteur de la téléphonie mobile et la fourniture des services de l’Internet, sous le label d’INTERCEL GUINÉE.
Le Ministre guinéen des Postes et Télécommunications et de l’Économie numérique, M. Moustapha Mamy Diabi a publié mercredi 10 octobre 2018, un arrêté mettant fin aux activités de la société de téléphonie mobile et des services d’Internet INTELCEL GUINÉE dans l’ensemble du territoire guinéen.
Un délai de 30 jours est accordé aux abonnés de cette société pour voir leur connexion définitivement coupée. Les griefs du Ministère de tutelle à l’encontre de la filiale de SUDATEL sont nombreux :
- Un endettement persistant envers l’État, les opérateurs de téléphonie et autres prestataires de services ;
- Un manque d’investissement nécessaire à l’extension de son réseau 2G pour respecter ses obligations contenues dans le cahier de charges ;
- Des résultats financiers négatifs déclarés chaque année ;
- Des pratiques frauduleuses dénoncées par les autres opérateurs ;
- Une réduction drastique de l’étendue de la couverture réseau et la dégradation de la qualité de service fournie ;
- Des problèmes récurrents avec le personnel, source de fortes tensions sociales.
« Le gouvernement de la République de Guinée à travers le Ministre des Postes et télécommunications et de l’Économie Numérique, a décidé de prendre les dispositions qui s’imposent pour mettre fin à cette situation qui a un impact négatif sur le secteur des télécommunications en République de Guinée. Ainsi, par décision N° D/009/MPTEN/CAB/2018, le Ministre des Postes, Télécommunications et de l’Économie Numérique, décide de l’arrêt définitif des opérations d’INTERCEL GUINÉE sur toute l’étendue du territoire de la République de Guinée à partir de ce Mardi 09 Octobre 2018 », pouvait-on lire dans un communiqué de l’ARTP, gendarme des télécommunications en Guinée Conakry.
La presse guinéenne n’est pas tendre avec INTERCEL GUINÉE. Elle estime que la troisième filiale de SUDATEL en Afrique Subsaharienne, après CHINGUITEL (Mauritanie) et EXPRESSO (Sénégal) n’a pas été à la hauteur de la concurrence et n’a jamais voulu respecter les cahiers de charges auxquels elle avait souscrit au moment de son implantation en Guinée en 1993.
” Arrivée en Guinée en 1993, avant Areeba (actuel MTN Guinée), Orange Guinée et Cellcom, sous l’appellation TELECEL Guinée, avant d’être rebaptisée INTERCEL GUINÉE, cette société après plus de deux décennies d’activité n’a jamais su s’imposer face à ses concurrents à cause du faible niveau d’investissement consenti et de l’absence d’un leadership rigoureux et ambitieux. Elle ne possédait que 1% des parts de marché en 2017 contre 2% en 2015, bien loin des 57 % d’Orange Guinée, l’opérateur leader pourtant arrivé en quatrième et dernière position sur ce marché “, écrivait le journal en ligne “guinéenews”.
On se rappelle qu’au Sénégal, SUDATEL était mêlée dans un procès de corruption lors de l’achat de sa licence, qui lui a permis d’opérer dans le pays de la Téranga, sous l’appellation Expresso Sénégal.
En 2017, CHINGUITEL a reçu une mise en demeure pour manquements aux obligations contenues dans le cahier de charges, fournie par l’Autorité mauritanienne de Régulation des Télécommunications.
En dépit du soutien corporatiste, brandi par la FESATEL (Fédération Syndicale Autonome des Télécommunications de la Guinée) pour se solidariser avec les employés d’INTERCEL GUINÉE, il y a peu de chances, pour que la filiale de l’opérateur soudanais puisse continuer à évoluer désormais dans le pays du Pr Alpha Condé.
Or, cette décision des Autorités de Conakry risque fort d’influencer celles de Dakar et de Nouakchott, ce qui rendrait l’avenir d’Expresso Sénégal et de CHINGUITEL très compromettant.