Le procès historique du 28 septembre 2009 a repris hier lundi, avec l’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara, comme unique responsable des massacres commis ce jour fatidique. C’est du moins, la version de l’ex capitaine Marcel Guilavogui,qui appartenait   à la garde rapprochée de Dadis. Cette reprise survient après une suspension de plus d’un mois, suite à deux grèves successives : celle des avocats d’abord et ensuite des gardes pénitentiaires.

Ce procès était suspendu depuis le 29 mai, les avocats refusant de plaider parce qu’ils disaient n’avoir toujours pas été payés. Il devait reprendre le 21 juin après un accord trouvé entre les deux parties, mais avait été ajourné de nouveau après une grève des gardiens de prison. Malgré la reprise du procès, les avocats ont maintenu la pression sur le ministre de la Justice à qui ils demandent de « régler leur problème » de paiement, toujours pas résolu.

« Dans tous les cas, nous leur avons donné (au ministère de la Justice) le mois de juillet pour régler le problème », a indiqué Me Antoine Pépé Lamah, un des avocats de la défense, cité par l’AFP.

 

« Nous allons remplir notre part d’engagement en nous présentant à l’audience ce lundi et les jours qui vont suivre. Si au terme de ce mois, les promesses faites ne sont pas remplies à la reprise (au retour des vacances judiciaires), nous allons continuer le boycott », a-t-il poursuivi.

Le tribunal criminel a donc réentendu hier lundi, un des accusés, le capitaine Marcel Guilavogui, ancien membre de la garde présidentielle et neveu de Moussa Dadis Camara. Il a tenu à reprendre la parole pour apporter des éléments nouveaux désignant Dadis comme « le concepteur, l’ordonnateur et l’exécutant » du massacre.

« J’ai décidé de dire la vérité. Je pensais que le président (Moussa) Dadis (Camara) allait avoir le courage d’assumer la responsabilité de ce qu’il avait planifié », a dit le capitaine Guilavogui, qui avait en novembre 2022 fait un témoignage contraire et disculpé l’ex-dictateur.

 

Ce changement de version a entraîné le retrait de sa défense d’un de ses conseils, David Béavogui. L’avocat a lu devant le tribunal criminel un texte dans lequel il dit ne pouvoir « défendre une chose et son contraire » et n’avoir plus « la force physique et morale » de se tenir aux côtés de son client dans ce procès.

 

Moussa Dadis Camara et une dizaine d’anciens responsables militaires et gouvernementaux répondent depuis le 28 septembre 2022 devant les juges,  de dizaines d’assassinats et d’une litanie de crimes de violences sexuelles, actes de torture, enlèvements et séquestrations, commis dans un stade de la banlieue de Conakry et alentour le 28 septembre 2009 et les jours suivants.

 

Au moins 157 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées. En plus  de 109 femmes violées ces jours-là, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.