Sur les 11 accusés dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009, il était le plus attendu devant la barre du tribunal de grande instance de Dixinn, à Conakry. L’ancien chef de la junte militaire, au moment des faits, Moussa Dadis Camara, s’est enfin exprimé, hier lundi devant la Cour. L’ancien président de la République a dénoncé un complot contre sa personne pour le faire partir du pouvoir, qui a abouti à cette tuerie qui avait coûté la vie à au moins 157 personnes, alors que plus de cent femmes étaient violées et plusieurs individus portés disparus.

C’est le lundi 5 décembre que Moussa Dadis Camara, le neuvième accusé parmi les 11 devant comparaître à ce procès, devait se présenter devant le tribunal de Conakry. Finalement, ce n’est qu’hier, lundi 12 décembre, que l’ex président de la transition a comparu devant la Cour. Le capitaine avait déclaré être malade, poussant le président du tribunal à reporter sa comparution.

Hier, celui que tout le monde voulait entendre, s’est dit prêt « à livrer sa part de vérité » dans cette affaire. « Est-ce que vous vous sentez mieux ? », lui a d’abord demandé le président du tribunal. L’ancien chef de l’Etat répond alors par l’affirmative. Assis sur une chaise, l’ex chef de la junte a servi un très long monologue, sortant des fois de son sujet, haussant parfois le ton et se montrant très agacé et en colère, au point de taper du poing sur la table.

« Dadis Camara n’est pas fou, Dadis Camara est généreux, c’est un homme sincère », s’est-il décrit, mettant souvent en avant son honneur et Dieu.

L’ancien président de la transition guinéenne, a affirmé que les évènements du 28 septembre étaient « un complot savamment orchestré pour me faire partir». Il n’a pas hésité à citer l’ancien président Alpha Condé, renversé par un coup d’Etat en septembre 2021, Sekouba Konaté, l’ex président de la transition en 2010, et Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, son ancien Aide de camp qui, selon lui, est l’exécutant de ce massacre. Dadis Camara avait d’ailleurs fortement chargé Toumba Diakité lors de son audition. L’ancien président de la transition a déjà dit que ce dernier avait tenté de le tuer, en tirant sur lui le 3 décembre 2009 au camp « Koundara », pour faire taire la vérité de ces évènements du 28 septembre. 

« Ce complot, c’était pour me rendre infréquentable, pour me salir devant la communauté internationale », a affirmé l’ancien président. « Ensuite, Toumba a été embobiné pour m’éliminer », a-t-il poursuivi. 

Moussa Dadis Camara est encore attendu, ce mardi, devant le tribunal de Conakry, pour la suite de son audition.