L’ex Chef du gouvernement guinéen, Ibrahima Kassory Fofana, ainsi que deux autres anciens ministres, devaient se présenter, mercredi 15 mars 2023, devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), mise en place par la junte militaire au pouvoir en Guinée en septembre 2021. Ils sont poursuivis pour détournements présumés de fonds publics, enrichissement illicite, blanchissement de capitaux et complicité. Mais les accusés étaient absents du tribunal, qui a été obligé de renvoyer l’audience en huitaine.
Le 6 avril 2022, l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, ainsi que d’autres dignitaires du régime d’Alpha Condé dont l’ancien ministre de la Défense, Mohamed Diané, celui des Transports Oyé Guilavogui, étaient inculpés et placés sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry.
Poursuivis pour des faits présumés d’enrichissement illicite et de détournements de deniers publics, ils étaient attendus devant la Cour de répression des infractions économiques et financières, mercredi, pour l’ouverture de leur procès.
Mais dans une lettre ouverte écrite depuis la prison, l’ex Chef du gouvernement Ibrahima Kassory Fofana a dénoncé une chasse aux sorcières ciblée et sélective et a indiqué qu’il ne comparaîtrait pas, aussi longtemps que ses droits ne seront pas respectés.
Le procureur de la Crief, Aly Touré, a déploré leur absence, l’assimilant a du mépris. Il a dépêché un huissier de justice pour constater par procès-verbal l’absence des prévenus. Les avocats de la partie civile n’ont pas caché leur colère et ont réclamé la comparution forcée des accusés.
« Le Parquet a à sa disposition tous les moyens légaux pour faire comparaître de force les prévenus », a, en effet, déclaré Antoine Pépé Lamah, membre du collectif des avocats de l’Agence judiciaire de l’Etat. « Nous demandons l’application des dispositions de l’article 477 du Code de procédure pénale qui permet au ministère public de conduire par la force un détenu qui refuse de comparaître volontairement », a-t-il ajouté.
Les avocats de la défense ont toujours déploré qu’aucun fait concret ne soit reproché à leurs clients. Aucun montant prétendument détourné n’a été jusque-là annoncé par la Crief. L’audience a été renvoyée au 22 mars prochain.