Le principal opposant guinéen, Cellou Dalein Diallo, a accusé le président Alpha Condé, candidat à un troisième mandat controversé, d’ « instrumentaliser » les divisions ethniques, au risque d’attiser les violences entre communautés.
L’appartenance ethnique est considérée comme un facteur de vote déterminant en Guinée, mais l’opposant a noté des avancées dans « la confiance entre les différentes composantes ethniques ».
« M. Alpha Condé est toujours en retard, il veut toujours dire: Les Malinkés ne votez pas pour les Peuls », a-t-il néanmoins ajouté, lors d’une rencontre à Dakar avec l’Association de la presse étrangère au Sénégal (APES), relayée par l’AFP.
Cellou Dalein Diallo, déjà candidat malheureux en 2010 et en 2015 face à Alpha Condé, faisait notamment référence au premier discours de campagne du président sortant, le 19 septembre, par visioconférence à ses partisans à Kankan, dans son bastion électoral de l’Est du pays, pour les dissuader de voter pour un autre candidat issu de cette communauté.
« Si vous votez pour un candidat malinké qui n’est pas du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée, au pouvoir, NDLR), c’est comme si vous votiez pour Cellou Dalein Diallo », membre de la communauté peule, avait affirmé Alpha Condé.
Les Peuls et les Malinkés sont les deux principales communautés du pays, dont ils constituent plus des deux tiers des 12 millions d’habitants, selon les estimations. « Je n’ai jamais voulu utiliser, instrumentaliser, comme Alpha le fait, l’ethnie pour parvenir à mes objectifs », a assuré M. Diallo à Dakar.
« Mais si le repli communautaire, l’ethnocentrisme, continuent d’être utilisés comme des moyens de propagande, la Guinée reculera et elle sera exposée à des violences qui peuvent déboucher un jour ou l’autre sur la guerre civile », a-t-il ajouté.
Ancien opposant historique, M. Condé, 82 ans, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d’Afrique de l’Ouest qui n’avait connu depuis l’indépendance en 1958 que des régimes autoritaires.