Le président Alpha Condé.

La campagne électorale en Guinée bascule dans la violence. Alors que le cortège du candidat de l’opposition, Cellou Dalein Diallo a été bloqué à Kankan par des partisans d’Alpha Condé, lundi 12 octobre 2020, suivis de heurts entre partisans des deux camps ; les violences sont montées d’un cran, mardi. Des jeunes armés de gourdin, ont pillé des boutiques et incendié des maisons de citoyens issus de la communauté peule qu’ils accusent d’être des partisans de Cellou Dalein Diallo. Pendant ce temps, Alpha Condé qui continue sa tournée en Guinée forestière a dit regretter ces violences et appelé ses militants au calme.

Les gendarmes ont dû intervenir pour essayer de calmer la situation, tentant, dans un premier temps, de sensibiliser les jeunes. Mais ils ont été vite débordés et ont dû appeler des renforts qui ont recouru aux grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants, selon plusieurs médias guinéens. 

La veille, le cortège du principal opposant, Cellou Dalein Diallo, qui devait tenir meeting à Kankan, a été contraint de rebrousser chemin et des violences ont éclaté dans la ville, considérée comme le fief du RPG, le parti au pouvoir.

Après ces incidents, le chef de file de l’opposition guinéenne a tenu une conférence de presse par visioconférence et, a appelé la communauté internationale à condamner davantage les régressions démocratiques en Guinée, et notamment l’exclusion des organisations internationales de l’organisation et du suivi du scrutin.

« Aujourd’hui ce qui se passe en Guinée est contraire à tout ce qui est prévu dans la bonne gouvernance. La communauté internationale ne dit rien, ne fait rien. Je pense qu’il y a un effort à faire de la part de nos partenaires occidentaux. Il y a toujours des communiqués, de Paris, Washington, Bruxelles mais ils restent timides », a déclaré Dalein Diallo dans des propos rapportés par RFI.

Alpha Condé tente de calmer le jeu

De son côté, Alpha Condé poursuit sa tournée à l’intérieur du pays. Après Nzérékoré, Lola, Macenta et Guéckédou, le président sortant, qui se déplace avec l’hélicoptère présidentiel, a tenu meeting, lundi, dans la ville forestière de Kissidougou dans le sud du pays. Dans son discours prononcé au stade de la localité, il a dit regretter les violences survenues dans la région de Kankan et appelé ses militants au calme. 

« Ce qui a été fait à Toukounou est regrettable », a-t-il dit. « J’ai dit aux militants de Kankan que je ne suis pas d’accord. (…) J’ai dit à mes militants je ne veux pas de violence, je ne veux pas que vous lanciez des pierres, et j’ai dit aux responsables qu’ils auraient dû empêcher les gens de Toukounou de barrer la route », a-t-il poursuivi

Candidat à un troisième mandat contesté par l’opposition, Alpha Condé n’a pas manqué de lancer quelques piques à son principal opposant. « Ils sont venus vous dire le président est malade (…) Ceux qui veulent m’envoyer au cimetière, ils iront avant moi ! », a-t-il dit, promettant que la Guinée sera bientôt la seconde puissance sous-régionale après le Nigeria.

Alpha Condé a été accusé d’avoir tenu un discours ethniciste lors de sa première déclaration de campagne par visioconférence, mettant notamment en garde les malinké (sa communauté), de voter pour les peuls, considérés comme étant majoritairement des partisans de Cellou Dalin Diallo.