A son arrivée à la tête de la Guinée en 2010, Alpha Condé était auréolé de son image d’opposant historique. Dix ans après, il est accusé d’avoir plongé son pays dans la crise pour rester au pouvoir.

Malgré la contestation et les dizaines de manifestants tués depuis octobre 2019, Alpha Condé, 82 ans, a confirmé mercredi qu’il serait candidat au scrutin présidentiel prévu le 18 octobre. « A partir de maintenant, je m’engage parce que vous, vous avez décidé que je m’engage », a lancé M. Condé, 82 ans, par visioconférence à l’adresse de femmes de son parti qui avaient organisé une manifestation en faveur de sa candidature.

En mars, il a fait adopter par référendum, une nouvelle Constitution. Que l’opposition, qui dénonçait une manœuvre pour garder le pouvoir, ait boycotté la consultation et que des centaines de milliers de Guinéens, à l’appel du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), se soient dressés contre cette réforme ne l’a pas fait plier.

Comme la précédente, la nouvelle loi fondamentale limite le nombre de mandats à deux. Mais l’adoption de cette nouvelle Constitution permet au président sortant de remettre ses compteurs à zéro, selon ses partisans.

De longues années d’opposition en exil, la prison, une accession quasi miraculeuse au pouvoir et deux mandats présidentiels ont forgé le caractère de cet homme svelte qui boîte légèrement.

Se réclamant de la gauche, c’est un orateur érudit, sachant enthousiasmer son auditoire. Mais il goûte peu la contradiction et ses adversaires le décrivent comme un homme autoritaire et impulsif.

C’est aussi un fervent défenseur de « l’esprit d’indépendance et de souveraineté » de la Guinée, qui avait voté « non » en 1958 au référendum sur l’association avec la France proposée par le général De Gaulle.

Avec les violences policières qui ont émaillé son deuxième mandat, « il serait difficile d’en dresser un portrait positif. C’est ce qui rend les choses si tristes », estime Jim Wormington, de Human Rights Watch, cité par l’AFP.

« Il est désormais évident pour les plus sceptiques que M. Alpha Condé, qui revendique des décennies de lutte pour la démocratie en Guinée, n’est autre que la plus grande désillusion de l’histoire politique de notre pays », a réagi après l’annonce de sa candidature à un troisième mandat le FNDC, collectif de partis, de syndicats et de membres de la société civile, en annonçant de nouvelles manifestations.

Alpha Condé lui se targue de son bilan: réalisation de barrages hydroélectriques, révision des contrats miniers et mise au pas de l’armée, alors que le pays a traversé la pire épidémie d’Ebola de l’Histoire (décembre 2013-2016).