Foniké Mengué et Ibrahima Diallo, respectivement coordinateur national et responsable des opérations du Front national de défense de la Constitution (FNDC) et des dizaines d’autres personnes, ont été arrêtés à Conakry, à la suite des manifestations non autorisées, jeudi et vendredi. Plusieurs morts sont aussi annoncés. Des organisations de la société civile et des diplomates ont dénoncé le recours à la force de la junte militaire et appelé à un dialogue national d’urgence.

C’est dans la nuit du vendredi à samedi que Foniké Mengué a été arrêté à son domicile, vers 2h du matin, par la gendarmerie, notamment les Bata, les troupes aéroportées de l’armée et la BRI, l’unité de lutte contre le banditisme et le terrorisme. Le journaliste et militant guinéen a été transféré, samedi, à la mi-journée au siège du haut commandement de la gendarmerie à Kaloum, après avoir passé quelques heures au camp militaire de Kalia, selon le FNDC, qui dénonce une prise d’otage.

Ibrahima Diallo, le responsable des opérations de la même organisation a été également arrêté à son domicile, samedi, vers 17h00. Hier dimanche, il était encore en détention à la direction des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale.

Saïkou Yaya Barry, secrétaire général de l’Union des forces républicaines (UFR), le parti de Sidya Touré, a été aussi cueilli dans la soirée du samedi.

Au total, des dizaines de personnes ont été interpellées et plusieurs personnes ont été tuées. Au moins cinq selon les organisateurs, un seul selon les autorités, trois selon l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH).

Après l’interpellation de Foniké Mengué, les forces de sécurité ont bloqué les accès du siège du FNDC et de deux autres partis d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), et l’Union des forces républicaines (UFR).

Toutefois, le FNDC a indiqué que les manifestations ne reprendront pas d’ici une période moratoire d’une semaine. Une manière de laisser une chance à la médiation de la Cédéao. La décision avait été annoncée bien avant les arrestations.

L’armée réquisitionnée

Toutefois, l’organisation précise que d’ici la fin de cette période moratoire, si rien n’est fait, notamment la libération des personnes arrêtées et le début d’un dialogue avec la junte, les manifestations reprendront.

En effet, dans des communiqués, les différentes coalitions ont exigé l’ouverture immédiate d’un cadre de dialogue inclusif et menacé de nouvelles manifestations à partir du 15 août sur toute l’étendue du territoire national.

Elles ont dénoncé les actes de répression, les pertes en vies humaines et les violences enregistrées au cours des dernières manifestations, mais aussi l’interdiction des manifestations, l’instrumentalisation de la justice et les arrestations extrajudiciaires.

Dans un autre communiqué, l’OGDH exige une enquête indépendante pour déterminer les circonstances des cas de décès et la libération immédiate et sans condition de tous les détenus d’opinion.

A travers un communiqué publié dimanche, le G5 Guinée, qui regroupe les Nations unies, la Cédéao, l’Union européenne, les États-Unis et la France, a aussi déploré le recours excessif à la force et l’utilisation supposée d’armes mortelles pour le maintien de l’ordre assuré par l’armée qui a été réquisitionnée par la junte.

Un médiateur de la Cédéao est attendu à tout moment à Conakry.

Pour l’heure, la junte militaire, ni même les forces de sécurité guinéennes n’ont fait aucune déclaration liée à ces évènements.