Le départ d’Alpha Condé, lundi après-midi, aux Emirats arabes unis pour des soins médicaux ne laisse pas indifférent à Conakry. Si de manière générale le voyage l’ancien président à Abou Dhabi n’est pas contesté, des voix s’élèvent au sein de la classe politique et de la société civile, pour exiger le retour l’ex chef de l’Etat au pays après son traitement, dans un délai d’un mois, comme annoncé par le CNRD.
Eviter à tout prix que le voyage d’Alpha Condé à Abou Dhabi ne se transforme en exil doré. C’est toute la volonté de la classe politique guinéenne et de la société civile, qui exigent de la junte au pouvoir des garanties claires sur le retour de l’ancien président renversé le 5 septembre dernier par un coup d’Etat militaire.
Cela, même si le chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya a souligné que ce voyage de l’ancien président est une mesure « humanitaire », prise après les assurances données par la Cédéao, comme cela avait été le cas pour l’ancien chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keita.
Des assurances qui ne dissipent pas les doutes pour autant, même si du côté des partisans de l’ex chef de l’Etat, notamment au sein de son parti le RPG, on se félicite naturellement du voyage de Condé.
Pour le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui était au premier plan dans la lutte contre le troisième mandat d’Alpha Condé, il est hors de question que ce voyage du président déchu soit une échappatoire pour Condé qui doit, à tout prix, rendre compte de ses actes et de tous les crimes commis sous sa présidence.
« Cela ne va pas être un exil doré. La junte au pouvoir va prendre toutes les dispositions pour qu’après son traitement, il puisse regagner le pays. Il faudrait que justice soit rendue à toutes les victimes tombées sous le règne d’Alpha condé. Nous avons enterré 99 victimes », a, en effet, martelé Ibrahima Diallo, chargé des opérations au FNDC sur RFI.
Pour l’Organisation guinéenne des droits de l’homme, également, le CNRD doit garantir le retour d’Alpha Condé en Guinée pour qu’il rende compte devant la justice après les nombreuses plaintes déposées contre lui pour les répressions sanglantes durant les dix années de son règne, qui ont occasionné beaucoup de morts et des blessés graves.
Le parti de Sidya Touré, l’ancien opposant d’Alpha Condé, exige aussi que le CNRD prenne « les garanties nécessaires pour le retour effectif d’Alpha Condé après son séjour médical ».
Si, pour l’heure, ce geste permet au CNRD de répondre à une des conditions exigées par la Cédéao, aucune information n’a filtré sur l’état de santé d’Alpha Condé. Même si ses proches se disent rassurés par les images diffusées, lundi, montrant le patriarche de 84 ans marcher tout seul et sans encombre vers l’avion qui l’a conduit à Abou Dhabi.