Le référendum et les législatives auront-ils lieu ce dimanche 22 mars 2020 ? Du côté de Conakry et en dépit de la crise sanitaire mondiale liée au Covid-19, le pouvoir semble vouloir maintenir le double scrutin. La tension se cristallise autour d’un possible troisième mandat d’Alpha Condé.
Boycott de l’opposition, réprobation internationale, soupçons d’irrégularités, et maintenant coronavirus, rien n’y a fait. Le pouvoir en Guinée tient jusqu’à présent à organiser dimanche un référendum soupçonné de permettre au président Alpha Condé de rester au pouvoir.
Après avoir reporté la consultation à la dernière minute il y a trois semaines dans un climat de vives tensions, le gouvernement demande aux Guinéens d’aller dimanche dire oui ou non au projet de nouvelle Constitution voulue par le président. En même temps, ils pourront élire leur prochain parlement.
Des compagnies fournissant l’accès à internet en Guinée ont mis en garde ces jours-ci contre le risque de coupures au cours du week-end. C’est surtout la Constitution qui déchaîne les passions. Depuis mi-octobre, des dizaines, voire des centaines de milliers de Guinéens sont descendus dans la rue contre l’intention prêtée à Alpha Condé d’essayer de se succéder à lui-même fin 2020.
Au moins 31 civils et un gendarme ont été tués dans des violences. Des dizaines d’opposants ont été arrêtés et jugés. Alpha Condé, 82 ans, a été élu en 2010 et réélu en 2015. L’actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats, la nouvelle que propose Alpha Condé également.
Sauf, accusent ses opposants, qu’elle lui permettra de remettre son compteur personnel à zéro et de marcher sur les pas des chefs d’Etat africains qui ont modifié la Constitution pour se maintenir au pouvoir.
Alpha Condé assure qu’il s’agit de doter son pays d’une Constitution “moderne“. Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait la circoncision féminine et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres.