L’opposition guinéenne 

Les militaires au pouvoir en Guinée ont invité, lundi, l’opposition à un dialogue après l’appel lancé pour une manifestation le 9 mars prochain. Mais les opposants à la junte ont aussitôt rejeté cette demande, hier mardi, refusant de participer à une quelconque rencontre avec les autorités dans les conditions actuelles.

Malgré l’interdiction de manifester imposée en Guinée par la junte militaire au pouvoir, une coalition de partis politiques, syndicats et organisations de la société civile, a appelé à une « marche pacifique » le 9 mars prochain pour réclamer l’arrêt des poursuites judiciaires, « fantaisistes », selon eux, contre les opposants, ainsi que la levée de la suspension des manifestations et un cadre de dialogue inclusif et crédible avec la junte.

Dans un communiqué rendu public lundi soir, le Premier ministre avait invité les membres de la coalition d’opposition à une rencontre, hier mardi, mais en rappelant que le seul cadre d’échange avec tous les acteurs politiques et de la société civile était le cadre de dialogue inclusif fixé par la junte.

Dans un autre communiqué publié, hier mardi, l’opposition a rejeté ce dialogue dans les conditions établies par les autorités. Pour les opposants à la junte militaire, tout dialogue doit être présidé par la Cédéao, en présence des partenaires internationaux, et réunir les coalitions politiques et les acteurs de la société civile qui ont des réserves ou des revendications sur le calendrier de retour des civils au pouvoir.

En mi-janvier, le porte-parole du gouvernement avait déjà écarté tout nouveau format de dialogue, indiquant que ce débat est « derrière nous ».

En mi-février, une manifestation avec les mêmes mots d’ordre, avait provoqué des affrontements entre les forces de l’ordre et des jeunes, faisant trois morts. Les autorités avaient alors menacé d’interdire les principaux partis politiques.

Plusieurs personnalités politiques dont l’ancien Premier ministre, Kassory Fofana, sont actuellement emprisonnés en Guinée, accusés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite ou encore de corruption. D’autres, également visées par des enquêtes judiciaires ont quitté le pays et vivent en exil à l’étranger. C’est le cas du leader de l’opposition, Cellou Dalein Diallo qui vit à Dakar, au Sénégal.

Sous la pression de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), la junte militaire au pouvoir depuis septembre 2021, s’est engagée à céder le pouvoir aux civils après une transition de deux ans, à partir de janvier 2023.