La Charte de transition présentée, lundi, par la junte au pouvoir a été globalement saluée par la classe politique, qui apprécie la volonté de la junte de mettre en place des valeurs démocratiques. Toutefois, les différentes contingences regrettent l’absence de calendrier pour aller vers la transition.
Les contours de la transition en Guinée, énoncés par la junte au pouvoir semblent convenir aux acteurs politiques. La mise en place des nouveaux organes qui devront accompagner le CNRD et son président, le lieutenant–colonel Mamady Doumbouya, semble faire l’unanimité. Il s’agit notamment de la nomination d’un gouvernement qui sera dirigé par un Premier ministre civil et la création d’un Conseil national de transition. L’élaboration d’une nouvelle Constitution, l’organisation d’un référendum pour l’adopter, ainsi que la tenue prochaine d’élections nationales et locales, semblent être largement approuvées.
Toutefois, la classe politique guinéenne a déploré l’absence d’un calendrier bien défini, qui fixe la durée de cette transition.
« On aurait souhaité plus de visibilité », a, en effet, déclaré sur RFI le président du parti Guinée moderne, Yaya Diallo, membre de l’alliance Anad, même s’il dit apprécierl’attachement réaffirmé à la démocratie, en préambule de cette Charte.
Même son de cloche du côté du parti de l’ancien président Alpha Condé, le RPG. Rappelant que la Cédéao demandait des élections dans un délai de 6 mois, le coordinateur du parti en Europe, Karomo Nabé, regrette que la durée de la transition ne soit pas fixée, même s’il apprécie globalement la Charte rédigée par la junte.
Révision du fichier électoral et élaboration d’une nouvelle constitution
De son côté, le responsable du Mouvement démocratique libéral, Aliou Bah, dit comprendre que les militaires ne puissent pas encore fixer la durée de la transition. « Nous avons plus besoin de soutien que de pression… Il faut être raisonnable et réaliste. Le fichier électoral doit être revu, il faut mener le pays à des élections apaisées, acceptées de tous afin que cette transition soit la dernière », a-t-il déclaré, parlant de mesure de prudence de la part du CNRD.
Par ailleurs, certains leaders politiques comme Yaya Diallo et Aliou Bah, préconisent la réactivation de la Constitution de 2010 pour gagner du temps et économiser des moyens. Toutefois, ils ne se disent pas contre l’élaboration d’une nouvelle loi fondamentale. La Constitution guinéenne avait été changée par Alpha Condé pour s’arroger le droit de seprésenter à un troisième mandat.
Mais en attendant, ils souhaitent que le CNRD déroule son programme avec la nomination d’un Premier ministre civil et la formation d’un gouvernement. Un acte qui permettra, selon eux, de rassurer les partenaires sur un retour de la démocratie en Guinée, afin de faciliter le déblocage des financements suspendus.
Pour rappel, les dignitaires de l’ancien régime, qui ont participé au troisième mandat d’Alpha Condé, sont exclus du processus de transition. Les membres des organes de la transition, notamment ceux du CNRD, ne pourront pas, non plus, se présenter aux futures élections. Ce qui veut dire que le colonel Mamady Doumbouya ne pourra pas briguer la présidence guinéenne à l’issue de la transition