Alors qu’elles devaient prendre fin vendredi dernier, les concertations nationales se poursuivent en Guinée. Hier mardi, c’était au tour des magistrats de rencontrer la junte au Palais du peuple de Conakry. Devant le colonel Mamady Doumbouya, ces derniers ont fait des aveux circonstanciés : La justice était aux ordres sous le régime du président déchu, Alpha Condé. 

Les rencontres entre les nouvelles autorités guinéennes et « les forces vives de la nation » se poursuivent donc en Guinée. Très décriés dans le pays, les magistrats étaient les hôtes du nouvel homme fort de Conakry. Face à Mamady Doumbouya, les robes noires ont avoué qu’elles ont subi la pression et souvent obéi aux ordres de l’Exécutif sous le régime d’Alpha.

Après les échanges, les nouvelles autorités ont témoigné aux magistrats de leur compréhension et les ont réconfortés, les appelant à jouer désormais pleinement leur rôle. « Nous allons dépersonnaliser la gestion de notre pays », leur a d’ailleurs lancé le colonel Mamady Doumbouya.

A leur sortie d’audience avec les nouvelles autorités guinéennes, les magistrats n’ont d’ailleurs pas caché leur satisfaction devant lapresse.

« Nous sortons d’ici très satisfaits et très confiants en nousmêmes parce qu’on nous a dit qu’on ne doit plus avoir peur de quoi que ce soit, il n’y a plus de chasse aux sorcières, il n’y aura plus de peur et une autorité exécutive ne va plus se mêler aux décisions rendues par les cours et tribunaux », a, en effet, affirmé Alpha Saliou Barry, le directeur national des Affaires civiles et du sceaux au ministère de la Justice, dans des propos rapportés par RFI.

« La justice a rendu plusieurs décisions qui ne sont pas exécutées, nous souhaitons que les décisions judiciaires rendues soient exécutées parce que la force de la justice réside en l’application de ses décisions », a ajouté le magistrat.

« Dans le passé récent l’exécutif jouait beaucoup de rôles dans l’exercice de la fonction du juge, s’immisçait dans les affaires judiciaires d’une façon continue », a avoué un autre magistrat de l’inspection générale.

« La justice de notre pays plusieurs fois décriée, doit dorénavant s’impliquer dans la consolidation de l’État de droit et la lutte surtout contre l’impunité », a, pour sa part, ajouté le colonel Mamady Doumbouya.

Quelques jours après le coup d’Etat du 5 septembre dernier, la junte avait libéré des dizaines d’opposants à Alpha Condé, emprisonnés à Conakry et dont la plupart attendaient encore d’être jugés. Plusieurs opposants qui avaient été obligés de fuir le pays, sont également rentrés en Guinée, ces dernières semaines.