Le mercredi 25 novembre 2020 était une date cruciale en Guinée après l’élection présidentielle du 18 octobre dernier et les troubles qui ont suivi ce scrutin, avec la réélection d’Alpha Condé pour un troisième mandat contesté par l’opposition. Cette dernière avait justement appelé à manifester en ce jour, pour exiger la libération de ses responsables emprisonnés depuis, et dénoncer le « hold-up électoral ». Mais l’appel de l’opposition a finalement très peu mobilisé. Et les autorités guinéennes se réjouissent de constater cet échec et parlent d’un essoufflement des contestations.
Il faut rappeler qu’à deux jours de cette manifestation, le gouvernement guinéen avait fait une déclaration à la télévision nationale, dimanche dernier, interdisant tout rassemblement et toute manifestation aux organisations politiques et sociales. Les autorités guinéennes évoquaient notamment des raisons sanitaires liées à la propagation du Covid-19 dans le pays.
Une annonce finalement dissuasive, malgré le baroud d’honneur de l’opposition qui avait fait une nouvelle déclaration, maintenant son appel à manifester. Mais sur le terrain, mercredi dernier, notamment à Conakry, les rues étaient plutôt désertes et plusieurs commerces fermés pour éviter d’éventuelles violences, ont rapporté plusieurs médias guinéens.
Il faut dire que dans son appel à manifester, l’opposition n’avait mentionné ni lieu, ni heure pour le rassemblement, se limitant à inviter à manifester sur l’ensemble du territoire national. Par ailleurs, la multiplication des arrestations, notamment de plusieurs hauts responsables de l’opposition qui organisaient ces manifestations, n’est sans doute pas étrangère à cet échec de la manifestation.
Les populations craignant elles-mêmes pour leur sécurité après la mort de plusieurs dizaines de guinéens lors de manifestations depuis le mois d’octobre 2019, à la période post-électorale.
Selon Kabinet Fofana, qui dirige l’Association guinéenne des sciences politiques, qui s’est prononcé sur RFI, « le mouvement de contestation contre le projet de troisième mandat a démarré trop tôt, il y a un essoufflement. Il y a une forme de résignation. L’opposition n’est pas parvenue à respecter ses promesses envers ses militants, à savoir empêcher un troisième mandat d’Alpha Condé. »
Alpha Condé, justement, qui s’est donné les moyens de briguer un troisième mandat, en modifiant la Constitution du pays, et à se faire réélire malgré les nombreuses accusations de fraudes venant même de membres de la Ceni, et les suspicions de la Communauté internationale, a-t-il définitivement réussi son pari de se maintenir au pouvoir ? L’opposition va-telle abdiquer et jeter les armes de la contestation ? Le temps joue certainement en faveur du président guinéen, qui en plus, détient le pouvoir et la force de la dissuasion.