Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui a mené la contestation en Guinée contre l’ancien président Alpha Condé, a annoncé mercredi suspendre son appel à une manifestation prévue jeudi, qui s’annonçait comme le premier grand rassemblement de protestation sous la junte désormais au pouvoir.
Le FNDC a expliqué dans un communiqué vouloir « donner une chance » au dialogue proposé par le chef du gouvernement transitoire. Le Front avait appelé à descendre dans la rue jeudi et à passer outre à l’interdiction de toute manifestation édictée par la junte arrivée au pouvoir par la force en 2021 en renversant le président Condé.
Le FNDC, qui avait orchestré des mois de mobilisation contre Condé de 2019 à 2021, comptait réclamer un délai plus court que les 36 mois retenus par les nouvelles autorités pour rendre la direction du pays à des civils. Il entendait aussi protester contre le refus de dialogue manifesté selon lui par la junte, et sa « gestion unilatérale ».
Deux des principaux partis guinéens, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et l’Union des forces républicaines (UFR), avaient soutenu l’appel. Il se serait agi de la première grande confrontation dans la rue avec les nouveaux dirigeants. Favorablement accueillis au moment de leur putsch par une population exaspérée, les militaires font face à une grogne grandissante de la part des partis et de la société civile.
Ils leur reprochent d’être exclus des décisions par un exercice autoritaire et solitaire des responsabilités, ainsi que l’ouverture de procédures judiciaires contre un certain nombre de personnalités.
La junte a interdit le 13 mai toute manifestation de nature à compromettre, selon elle, « l’exécution correcte des activités » pendant les trois années à venir. L’appel du FNDC à manifester a suscité la crainte de tensions dans un pays coutumier des violences politiques.
Le Premier ministre dit de transition, Mohamed Béavogui, nommé par la junte, a tendu la main lundi aux acteurs de la société civile. « J’appelle toutes les forces vives de la nation autour de la table du dialogue », a-t-il dit, arguant de la « réalité (…) violente » de l’état du pays à laquelle lui et son gouvernement ont été confrontés pendant quatre semaines d’ « immersion » en province hors de Conakry.
Il a dit que les acteurs politiques et sociaux recevraient une invitation à une rencontre en vue d’un « véritable dialogue sans tabou, franc et inclusif », avec la contribution de la Communauté des Etats ouest-africains, de l’Union africaine et de l’ONU.
La FNDC a pris note de cette « déclaration d’intention ». Il a annoncé suspendre la marche prévue jeudi et observer une « trêve d’une semaine ». Cependant, « en l’absence de résultats probants », le FNDC « se trouvera dans l’obligation de renouveler son appel à manifester », a-t-il prévenu.