La situation est de plus en plus confuse en Guinée où le bilan serait passé à près de 30 morts depuis lundi dernier, suite à la proclamation par la Ceni des premiers résultats provisoires partiels plaçant le président sortant Alpha Condé en tête de l’élection présidentielle du 18 octobre. Hier jeudi 22 octobre 2020, le gouvernement a décidé de réquisitionner l’armée pour faire face à la contestation. Au même moment, deux responsables de la Commission électorale indépendante ont démissionné de leurs postes, dénonçant des anomalies, alors que l’organe n’a toujours pas publié les résultats provisoires au plan national, 5 jours après le vote.
Dans un communiqué lu à la Radio télévision guinéenne, (RTG), hier jeudi 22 octobre, le gouvernement guinéen a déclaré avoir réquisitionné l’armée nationale guinéenne pour le maintien de l’ordre dans le pays.
Une décision qui fait suite à la montée des violences post-électorales qui ont fait plus de 30 morts et des blessés à Conakry et à l’intérieur du pays en 3 jours. Rien que dans la journée d’hier, plus de 10 morts ont été recensés à Conakry et dans différentes villes du pays, ont rapporté plusieurs médias guinéens. Dans la capitale, au moins 6 jeunes seraient tombés sous les balles, notamment dans les quartiers de Koloma, Bambeto, Sonfonia, Wanidara, et Kobaya.
Le coordonnateur du FNDC tué à Pita
A l’intérieur du pays, la tension était vive également, notamment à Télimelé où deux morts ont été signalés et un jeune homme tué par balle à Mamou. A Pita, c’est le coordinateur local du FNDC qui a été mortellement touché par une balle.
Dans la nuit d’hier, Marie Hélène Sylla et Diogo Baldé, respectivement directrice du département démembrements et directeur adjoint du département opérations de la CENI, ont annoncé avoir quitté les travaux de totalisation des résultats de la CENI, dénonçant de graves anomalies.
« Compte tenu de graves anomalies constatées dans la procédure de totalisation des résultats du scrutin du 18/10/2020 et du fait que nos observations pour garantir la transparence, la fiabilité et la sincérité des résultats dudit scrutin ne soient pas prises en compte, nous avons décidé de nous retirer des travaux de la commission de totalisation des résultats de la CENI. Ce, à compter du jeudi 22/10/2020 au matin », ont-ils indiqué dans une déclaration remise à la presse.
La Commission de totalisation des voix a été créée par la CENI pour vérifier et comptabiliser les PV issus des commissions administratives de centralisation des votes, (CACV). Pour l’heure, la Commission électorale a diffusé les chiffres de vingt circonscriptions sur trente-huit au total. Elle doit encore publier les chiffres de la circonscription de Mamou, ceux de République Démocratique du Congo, de Gambie, entre autres.
Jean-Luc Mélenchon interpelle Macron et la communauté internationale
Un peu plus tôt dans la matinée du jeudi, une rencontre avait eu lieu entre le gouvernement guinéen et le corps diplomatique, à huis clos, au ministère des Affaires étrangères. A l’issue de la réunion, le chef de la diplomatie a rappelé que les observateurs de la Cédéao avaient salué le bon déroulement du scrutin. Le ministre des Affaires étrangères a indiqué que c’est la déclaration de Cellou Dalein Diallo, proclamant sa victoire, qui est à la source de toutes les violences de ces derniers jours. Il a annoncé de possibles poursuites judiciaires.
Le parti d’opposition UFDG a publié, mercredi, ses propres résultats, en expliquant avoir collecté plus de 84 % des PV des bureaux de vote, grâce à un système de SMS, de scans des PV et un centre d’appels.
Le QG de l’UFDG à Conakry était toujours quadrillé, fermé par une chaîne et un cadenas, hier jeudi, alors que Cellou Dalein Diallo qui dénonçait « une descente policière musclée » au siège de son parti mercredi soir, était encore séquestré à son domicile à Conakry.
L’homme politique français, leader de la France insoumise, a réagi à cette vague de violence meurtrière après l’élection présidentielle en Guinée.
« En Guinée, Alpha Condé fait tirer sur son peuple, en révolution depuis octobre 2019. Une pensée émue pour les adolescents qui sont tombés sous les balles. Macron et la communauté internationale détournent le regard. La Guinée n’intéresse que lorsqu’il s’agit de piller ses mines», a, en effet, écrit sur Twitter Jean Luc Mélenchon.