Le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), avait appelé à la mobilisation contre un troisième mandat d’Alpha Condé.

Alors que l’on se réjouissait de la nomination de l’ancien président du Bénin, Yayi Boni, comme nouveau Médiateur de la Guinée pour conduire le dialogue politique, une vive tension secoue de nouveau le pays. Et pour cause, la police guinéenne a arrêté avec une brutalité inouïe trois leaders du Front national de défense de la Constitution (FNDC), mardi dernier. Les images de ces brutalités publiées sur les réseaux sociaux ont provoqué de violentes manifestations spontanées de la part des populations, jusqu’à hier soir, à Conakry.

Les images sont choquantes. Elles montrent notamment le militant pro démocratie et coordinateur du FNDC, Foniké Mengué, violemment traîné au sol par des policiers de la Brigade de répression du banditisme (BRB), et jeté sans ménagement dans un pick-up de la police. Le leader du FNDC a été interrompu par la police, alors qu’il s’exprimait lors d’une conférence de presse organisée avec ses camarades. Il faisait l’objet de poursuites, lancées quelques heures avant par le Procureur général Charles Wright. Il est accusé d’avoir discrédité la justice guinéenne dans une publication sur les réseaux sociaux.

Le célèbre rappeur Djanii Alfa et Billo Bah, responsable de la mobilisation du FNDC, ont été également arrêtés avec la même violence, également pour les mêmes faits. Sur les images, Billo Bah avait la bouche ensanglantée.

Ils ont tous été arrêtés, alors qu’ils démarraient une conférence de presse au siège du FNDC. L’organisation voulait ainsi dénoncer la décision du Procureur, jugée «illégale » et «arbitraire ».

Les journalistes qui couvraient l’évènement ont également été malmenés par les policiers qui tentaient de les empêcher de filmer la scène.

Réaction spontanée des populations

Les images de ces violences qui ont tourné en boucle sur les réseaux, ont provoqué une réaction spontanée des populations. De violentes manifestations ont éclaté depuis mardi, jusqu’à hier soir à Conakry. La circulation était complètement barrée sur la route Le Prince, rapportent plusieurs médias locaux.

Des jeunes ont brûlé des ordures sur les axes principaux de Conakry. Ce sont les premières manifestations d’une telle violence depuis le coup d’Etat du 5 septembre dernier. Les forces de l’ordre ont fait face à des centaines de jeunes et ripostaient aux jets de pierres avec des grenades lacrymogènes. La gendarmerie est également déployée pour tenter de dégager les rues de Conakry complètement bloquées.

Le calme n’est revenu qu’en début de soirée, hier mercredi, avec la pluie qui commençait à tomber sur la capitale guinéenne.

Les cadres du FNDC maintenus en détention

Foniké Mbengué, Djanii Alpha et Billo Bah sont toujours maintenus à la direction centrale de la police judiciaire, dans le quartier administratif de Conakry, où ils ont passé leur deuxième nuit depuis leur arrestation, après avoir été longuement entendus. Ils sont poursuivis pour «Outrage à magistrat», « non-respect de la justice » et « injures publiques».

Les mouvements politiques comme l’Anad et la Cored ont manifesté leur solidarité aux leaders du FNDC et appelé leurs militants à la mobilisation.

Dans un communiqué publié hier, le ministère de la Sécurité a dénoncé de « graves troubles à l’ordre public » et fait état de nombreux blessés, dont 17 policiers, ainsi que des dégâts matériels, notamment des véhicules des forces de l’ordre endommagés. Toutefois, du côté du CNRD, c’est silence radio, pour l’heure.