La visite à Conakry du Médiateur de la Cédéao dans la crise guinéenne, n’a pas permis de régler les problèmes de l’heure en Guinée. Tout au contraire après une semaine passée dans la capitale guinéenne, Thomas Yayi Boni qui a rencontré des officiels du régime militaire, dont le chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, ainsi que le nouveau Premier ministre, Bernard Goumou, a laissé derrière lui plusieurs frustrés. En effet, si certains responsables de coalitions de partis politiques et de la société civile ont pu lui soumettre leurs revendications, d’autres, pas invités à la table des discussions ne cachent pas leur amertume.
Pour l’essentiel, des formations politiques comme celle regroupées dans l’ANAD ont remis au Médiateur Thomas Bony Yayi leurs revendications. Il s’agit d’abord de la mise en place d’un cadre de dialogue crédible entre les nouvelles autorités guinéennes et les acteurs politiques et sociaux, concernant notamment la conduite de la transition. Il y a aussi la libération des prisonniers politiques et de la société civile, mais aussi l’arrêt du harcèlement et des poursuites judiciaires contre les responsables politiques et de la société civile.
Par ailleurs, l’opposition réclame l’annulation de la dissolution du Front national de défense de la constitution (FNDC).
Toutefois, si des leaders politiques et la société ont pu s’adresser à l’ancien président béninois, d’autres n’ont pas eu ce privilège. C’est le cas de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme, qui avait été pourtant conviée à s’asseoir avec Thomas Yayi Boni, avant que la rencontre ne soit annulée.
Ce qui fait dire à certains leaders que le Médiateur se fait dicter son agenda par la junte militaire au pouvoir. Une démarche qui voue déjà sa mission à l’échec, selon eux.
Quoi qu’il en soit, le président Yayi Boni qui vient de boucler sa seconde visite en Guinée, depuis sa nomination au poste de Médiateur de la Cédéao dans cette crise, en juillet dernier, se garde toujours de livrer le contenu de ses discussions avec les parties prenantes et l’avancée des négociations, concernant notamment la question cruciale de la durée de la transition.
Les 28 et 29 juillet, et le 17 août dernier, des manifestations contre la junte militaire, à l’appel du FNDC, ont fait au moins 7 morts en Guinée.