La junte militaire en Guinée a détruit plusieurs résidences cossues de la cité ministérielle de Conakry. Parmi elles, celle de l’opposant Cellou Dalein Diallo, qui a été sommé de quitter sa maison en février dernier, de même que Sidya Touré. Les nouvelles autorités inscrivent ces démolitions dans leur opération de récupération des domaines de l’État lancée en 2021. Elles soutiennent que ces bâtiments ne répondaient plus aux normes.
C’est une démarche pour le moins étrange. Après avoir sommé d’anciens dignitaires du régime guinéen, dont les anciens Premiers ministres et opposants, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, de quitter leurs domiciles dans la cité ministérielle, la junte militaire au pouvoir a procédé à la démolition de ces résidences cossues, prétextant qu’elles ne répondaient plus aux normes.
De ces maisons, ne restaient plus que des tas de ruines et de gravats, dimanche. Selon des témoins cités par RFI, des gens quittaient encore les lieux au dernier moment, emportant avec eux des objets personnels.
Cellou Dalein Diallo dont la maison a été complètement rasée, a souligné que ces démolitions ont lieu, alors que « le dossier est encore en cours d’instruction », ajoutant que « c’est une manière de marquer et d’exprimer une haine peut-être vis-à-vis du candidat favori à l’élection présidentielle que je suis ».
Il explique que « l’opération a commencé avec l’arrivée de dizaines de pick-up de gendarmes et policiers, suivis de techniciens d’Électricité de Guinée qui ont débranché le courant. Ensuite, des engins de terrassement ont débarqué, sont entrés dans la concession avec policiers et gendarmes, et démoli la maison, ainsi que ses annexes. Ce ne sont plus que des amas de gravats ».
Dans une déclaration, Samedi soir, la junte avait confirmé la destruction d’une partie des logements de la Cité ministérielle, soutenant qu’ils ne répondaient plus aux normes de l’habitat.
Elle indique que les occupants avaient libéré les lieux avant vendredi, mais que certains avaient endommagé la plupart des biens et que ces logements étaient devenus inhabitables. Les autorités de transition annoncent que de nouvelles infrastructures conformes aux lois seront construites à la place.
La Cédéao exige un chronogramme avant le 25 avril
Ces démolitions interviennent alors que la Cédéao a exprimé sa « forte préoccupation » concernant l’absence de visibilité sur la transition en Guinée et menacé le pays de sanctions économiques et financières si un chronogramme acceptable de cette transition n’était pas finalisé le 25 avril au plus tard.
« La Conférence des chefs d’Etat exprime sa forte préoccupation par rapport à l’absence de visibilité sur la transition. Elle note que le délai de six mois, fixé par la CEDEAO pour la tenue des élections n’a pas été respecté », rapporte, en effet, le communiqué final de la réunion organisée, vendredi dernier, à Accra.
« Dans ce pays, le chronogramme de la transition n’est toujours pas disponible, les priorités ne sont pas définies et peu de progrès ont été réalisés dans le processus, alors que la situation sociopolitique se dégrade du fait de l’insuffisance de dialogue entre le gouvernement et les acteurs politiques et la société civile », souligne le communiqué.
Le chef de la junte, le lieutenant-colonel Mamady Doubouya a lancé des Assises nationales, la semaine dernière, boycottées par une soixantaine de partis politiques et plusieurs organisations de la société civile.