La pression populaire commence-telle à payer en Guinée ? La junte militaire au pouvoir depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021 semble, en tout cas, lâcher du lest. Dans un contexte sociopolitique tendu, marqué notamment par le bras de fer entre les autorités et les Forces vives qui conditionnent leur retour à la table des discussions à la satisfaction de préalables, dont la levée du contrôle judiciaire visant certains leaders politiques, la junte militaire semble reculer d’un cran. Le tribunal de Dixinn a levé, hier, le contrôle judiciaire pour 9 opposants politiques.
Après la libération de 3 leaders du Front national de défense de la constitution (FDNC), au soir des violentes manifestations à l’appel des Forces vives, le 10 mai dernier, qui avaient fait plusieurs morts, la junte militaire s’est décidée à lever le contrôle judiciaire de 9 opposants.
On peut citer parmi eux, Fodé Oussou Fofana, le vice-président de l’UFDG ou encore Etienne Soropogui, le leader du parti Nos valeurs communes. Depuis 8 mois, ces leaders étaient contraints à une restriction des libertés. Il était, par exemple, interdit à Etienne Soropogui de sortir du Grand Conakry sans autorisation du juge. L’opposant devait, en effet, régulièrement faire acte de présence au tribunal. Un contrôle judiciaire qui devait être respecté jusqu’à la fin de l’instruction.
Les 9 leaders de l’opposition sont poursuivis pour avoir soutenu des manifestations contre la junte. Il est retenu contre eux plusieurs charges comme la destruction de biens publics et privés ou encore les délits de coups et blessures volontaires.
L’un de leurs avocats, Me Salifou Béavogui a déclaré, hier, qu’ils attendent tous avec impatience leur procès. « Ils sont heureux d’avoir été rétablis dans leur droit », a-t-il notamment indiqué sur RFI.
Les Forces vives de Guinée avaient encore appelé à marcher, hier mercredi, dans le Grand Conakry. Une marche qui n’a finalement pas eu lieu, un impressionnant dispositif sécuritaire étant déployé dans les rues de la capitale guinéenne.
Outre la levée du contrôle judiciaire visant des leaders de l’opposition, les Forces vives de Guinée (FVG) ont posé plusieurs conditions pour retrouver la table des discussions avec les autorités, notamment la libération des nombreux détenus politiques dans le pays, dont plusieurs dignitaires de l’ancien régime.
Sous la pression de la communauté internationale, la junte militaire qui a pris le pouvoir en Guinée après le coup d’Etat du 5 septembre 2021, s’est engagée à faire revenir l’ordre constitutionnel en 2024.