La junte au pouvoir en Guinée a ordonné d’engager de nouvelles poursuites contre l’ex-président Alpha Condé qu’elle a renversé par un coup d’Etat en 2021 pour des faits présumés de “trahison”, dit mardi une lettre du ministre de la Justice au procureur général de Conakry.
L’ancien chef de l’Etat de 2010 à 2021, en exil en Turquie depuis qu’il a été déchu, est déjà poursuivi pour des faits présumés de “corruption”, ainsi que pour “assassinats, actes de torture, enlèvements et viols”.
“Il vous est enjoint (…) d’engager des poursuites judiciaires pour des faits présumés de trahison, association de malfaiteurs et complicité de détention illicite d’armes et munitions contre le professeur Alpha Condé, ancien président de la République”, a écrit le ministre de la Justice Alphonse Charles Wright.
“Il a été porté à la connaissance du Garde des Sceaux (…) qu’Alpha Condé, en lien avec Monsieur Fodé Moussa Mara”, un célèbre blogueur supporter de M. Condé, “a mis les moyens en vue de se procurer des armes, munitions et de matériels connexes”, a précisé M. Wright dans cette lettre publique datée de lundi. Il n’a pas donné plus d’informations concernant la nature et la quantité de ces armes.
Alpha Condé était devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu de Guinée après des décennies de régimes autoritaires ou dictatoriaux, mais sa volonté de se maintenir au pouvoir pour briguer un troisième mandat avait soulevé une forte contestation, fortement réprimée, jusqu’à sa chute.
Après le putsch de 2021, le colonel Mamady Doumbouya s’est fait investir président et s’est engagé sous la pression internationale à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de deux ans à partir de janvier 2023. Il a promis de refonder un Etat miné par les divisions et par une corruption réputée endémique. Son gouvernement a engagé un grand nombre de poursuites contre des proches de l’ex-président Condé.
Le coup d’Etat du 5 septembre 2021 est l’un des nombreux putschs et tentatives de putsch qui ont secoué l’Afrique de l’Ouest depuis la prise du pouvoir par des colonels au Mali en août 2020.