58 partis politiques se mobilisent ,dénoncent les décisions unilatérales de la junte et menacent de manifester et, comme par enchantement, Mamadi Doumbouya et ses camarades putschistes annoncent des Assises nationales à partir du 22 mars.

 

Elles permettront ,selon eux, d’aborder les questions de « réconciliation nationale » et autres, sans précision concernant le calendrier politique.

Ces « Assises », seraient suivies d’un « Dialogue national », dont les contours restent à définir.

Vous avez dit « annonce bâclée » ? Pour répondre à la sortie musclée des opposants qui exigent qu’une feuille de route claire soit posée sur la table ,pour orienter la transition et fixer son horizon.

C’est cela le débat de fond qu’on ne peut plus esquiver en Guinée.

LE CNDR (Comité national pour le rassemblement et le développement), fait du pilotage à vue et son chef, Doumbouya, fait du copier -coller avec les démarches initiées par ses prédécesseurs putschistes maliens.

Ces derniers avaient trainé les pieds, organisé et réorganisé des concertations nationales, pour finir par décréter une transition de … 4 à 5 ans.

Ayant auparavant signé pour une de 18 mois !

Doumbouya, lui ,ne s’est encore engagé à aucune limite dans le temps.

Pressé par la CEDEAO et l’ONU, il continue de se hâter très lentement.

Et, comme ses « modèles maliens », il joue au populisme, à fond la caisse, en ciblant les hommes politiques susceptibles de lui porter ombrage.

A Bamako ,ils ont mis en prison Bah Ndaw, Président de la transition et Moctar Ouane ,Premier ministre, puis Soulèye Boubèye Maiga,ex-Premier ministre, et d’autres personnalités, encore .Pour faire peur à tous ceux qui seraient tentés de les critiquer.

Doumbouya n’a pas encore franchi ce Rubicon des emprisonnements, mais a choisi la spoliation : les maisons des deux plus grands opposants, à savoir Cellou Dalein Diallo et Sydia Touré ont été saisies. A la suite d’accusations farfelues qui ont été des appels du pied populistes pour discréditer les deux hommes.

Cette manœuvre grossière a eu le mérite de réveiller les opposants.

58 partis ont ainsi décidé de faire front et de demander à la junte d’éclairer la lanterne des citoyens sur leurs intentions.

Une transition sans boussole démocratique n’en est pas une. C’est un chemin tout tracé vers une nouvelle dictature que les guinéens n’accepteront pas.

Doumbouya doit savoir que l’ère des dictatures est révolue en Guinée, après Sékou Touré, Lansana Conté et Alpha Condé.

Le peuple a payé le prix du sang et ne va plus se coucher.

La junte a été bien accueillie, pour avoir débarrassé le pays d’un opposant qui a mal tourné, corrompu par les tentations du pouvoir.

Elle a le choix de rester fidèle à sa démarche première, pour organiser une transition démocratique dont la finalité est de laisser le pouvoir à des civils élus par le peuple ou de s’accrocher au pouvoir ,par la force et de subir le sort peu enviable que lui réservera l’Histoire.

Les opposants veulent dialoguer et trouver des solutions inclusives et, toujours démocratiques.

Ils ont été assez patients jusqu’ici .

La seule annonce d’ « Assises nationales », ne suffit pas pour les calmer.

Il faut du concret ,avec des engagements précis, avec un chronogramme arrêté de manière consensuelle.

Doumbouya doit se rappeler que personne ne l’a élu !