La Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (Crief), la juridiction spéciale mise en place par la junte militaire au pouvoir en Guinée dans le but de réprimer les délits économiques, a publié les motifs de la convocation de l’ancien Premier ministre guinéen, Cellou Dalein Diallo, demain vendredi. L’opposant politique qui vit hors du pays depuis deux mois, est accusé d’avoir «détourné ou soustrait au préjudice de l’Etat Guinéen, la somme de cinq millions (5.000.000) de dollars US, issue de la cession des avions Boeing 737-200 et Dash 7 », de l’ancienne compagnie Air Guinée.
Dans la convocation signée le 1er juillet dernier par M.Mohamed Bama CAMARA, président de la Chambre de l’instruction de la Cour de répression des infractions économiques et financières, publiée dans la presse guinéenne, il est également reproché à Cellou Dalein Diallo, d’avoir « promis, offert ou accordé des fonds à des agents qui dirigent l’unité de privatisation des sociétés étatiques, directement ou indirectement, des avantages indus, afin que, en violation de leurs devoirs, ceux-ci accomplissent ou s’abstiennent d’accomplir un acte dans l’exercice de leurs fonctions officielles ».
L’ancien ministre des Transports et des Travaux Publics est convoqué à la Crief, demain vendredi 15 juillet 2022, à 10 h 30 pour une première comparution après l’ouverture d’une information judiciaire contre lui pour détournement de deniers publics, corruption d’agents publics et enrichissement illicite.
La Crief précise dans sa convocation que Cellou Dalein est sous le coup d’une inculpation pour ces faits qui remontent à 2002, lors de la liquidation de la compagnie Air Guinée, alors qu’il était ministre des Transports et des Travaux publics.
Selon la juridiction spéciale, l’argent ainsi détourné proviendrait « de la cession des avions Boeing 737-200 et Dash 7, leurs pièces de rechange, ainsi que les revenus issus de la location des installations de l’ancienne compagnie nationale Air-Guinée ».
Par ailleurs, précise la Crief dans la convocation adressée à Cellou Dalein Diallo, « en cas d’absence injustifiée, et en application de l’article 210 du code de procédure pénale, nous pourrions décerner à votre encontre un mandat de comparution ».
Le leader du parti UFDG est dans le viseur de la junte militaire depuis qu’il a publiquement mis en garde le colonel Mamady Doumbouya, le chef de la junte militaire, dans sa volonté supposée d’écarter des prochaines élections présidentielles les leaders politiques d’un certain âge, ou les anciens Premiers ministres.
Sa maison qui était située à la cité ministérielle de Conakry a été saisie et rasée par les nouvelles autorités guinéennes au nom d’une campagne de récupération des biens de l’Etat.
L’ONU avait dénoncé cette démarche du CNRD, alors que la procédure judiciaire était toujours en cours.
Reste maintenant à savoir si le principal opposant de l’ancien président Alpha Condé, qui vit hors du pays depuis deux mois, déférera à cette convocation.