Depuis plus de 60 ans, la Guinée subit des régimes de dictature : civiles avec Sékou Touré et Alpha Condé ,et surtout militaires avec Lansana Conté, successeur de Touré, puis Mamadi Doumbouya qui a pris le relais depuis un an…
Il y a eu la parenthèse Dadis Camara, qui s’est terminée avec l’avènement d’Alpha Condé.
Ce dernier ,premier civil « élu démocratiquement », (avec une énorme manipulation électorale qui a permis à un candidat crédité de moins de 20%de finalement doubler un autre qui avait obtenu plus de 48% ,au premier tour.
Condé, malgré tout semblait devoir incarner le début d’une ouverture démocratique.
Ceux qui le croyaient ont vite déchanté lorsque le vieil opposant s’est mué en despote.
Il finira par être écarté par le patron des « forces spéciales » qu’il avait choisi.
C’est ce dernier ,Mamadi Doumbouya, ancien légionnaire en France, qui fête aujourd’hui sa première année de règne despotique.
Au début, il s’était proclamé libérateur, avant de changer d’avis.
Les immenses richesses de la Guinée aiguisent les appétits et poussent les voraces qui arrivent au pouvoir, à vouloir se les approprier.
Doumbouya s’est fixé 3 ans, après avoir interdit toute manifestation ,ayant chassé les opposants les plus populaires hors du pays ,en ayant auparavant confisqué et rasé leurs maisons.
Un acte de terreur pour bien se faire comprendre de tous : « je décide de tout » comme mes prédécesseurs, notamment le premier d’entre eux, Sékou Touré qu’il a réhabilité ,en donnant son nom à l’aéroport de Conakry…
Depuis un an donc, la Guinée est tombée dans les griffes d’un homme sanguinaire et inculte dont la spécialité est la répression.
Jusqu’ici, il louvoie avec la CEDEAO et ne s’est engagé sur rien.
Il est vrai que le Médiateur choisi,Yayi Boni, ancien président du Bénin, n’est pas crédible.
Il n’a pas l’autorité morale nécessaire ,encore moins le charisme qui inspire le respect.
Doumbouya ne montre aucun signe qui indiquerait une volonté de dialogue pour changer son agenda annoncé.
Le FNDC (Front national pour la défense de la constitution), est devenu le seul vrai mouvement d’opposition qui agit sur le terrain ,en refusant d’abdiquer son droit démocratique à manifester.
Hier lundi, il a organisé des manifestations dans différents quartiers de Conakry ,en défiant les forces de l’ordre, appuyées par les militaires.
Museler tout un peuple est l’objectif recherché par la junte guinéenne qui a institué un climat de terreur dans le pays.
Face à cette situation, il faut déplorer l’attitude molle de la CEDEAO, qui a pour effet de pousser la junte à continuer à bander les muscles et à réprimer les populations.
L’Union africaine et la CEDEAO,mais aussi l’ONU, doivent mettre en œuvre des batteries de sanctions contre Doumbouya et sa clique.
Il faut bloquer leurs comptes bancaires et leur interdire de voyager.
Il faut aussi cibler leurs familles.
Ces militaires kleptocrates ne connaissent que les rapports de force ; le dialogue pour eux ,est signe de faiblesse.
Personne ne va accepter de laisser des militaires sans aucune légitimité démocratique, faire de la Guinée leur chose, pendant 3 ans.
En vérité, ils cherchent à confisquer le pouvoir aussi longtemps que possible, si aucune contrainte sérieuse ne leur est imposée.
Un an de dictature est un an de trop.
La Guinée a déjà trop souffert de la corruption, de la répression et de la pauvreté, renforcée par la mal gouvernance d’un pays qui regorge de richesses minières, de terres arables, d’eau en quantité exceptionnelle, de faune et de flore et qui languit dans la misère.
Le FNDC a raison de se révolter et d’exiger la fin de la dictature.
Les opposants doivent braver les militaires et retourner chez eux, quitte à subir la violence des putschistes.
Conquérir les libertés fondamentales est un combat politique digne d’être mené.
Ce triste anniversaire d’une junte kleptocrate doit sonner l’heure de la révolte.