Malgré la tension ambiante, la mission diplomatique tripartite ONU-UA-Cédéao, arrivée à Conakry depuis dimanche, déroule son programme pour trouver une solution à la crise. Hier lundi 26 octobre, les membres de la mission ont rencontré des responsables de la Céni, du gouvernement, et du corps diplomatique. C’était ensuite au tour de l’opposant Cellou Dalein Diallo d’accueillir la mission dans son domicile, toujours encerclé par les forces de l’ordre. 

Le chef de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, avait demandé à rencontrer la mission conjointe au siège de son parti, qui a été saccagé par les forces de l’ordre, selon plusieurs médias. Finalement, c’est à son domicile, situé dans le quartier Dixinn, toujours encerclé par des pick-up des forces de défense et de sécurité qui contrôlent les entrées, que la rencontre s’est tenue, sous la surveillance d’un nombre important de gardes et de militants de l’UFDG. 

Dans un récent entretien accordé à la BBC, Cellou Dalein Diallo avait d’ailleurs affirmé que sa maison commençait à manquer de vivres, alors qu’il était toujours interdit de mouvements. 

Dans le salon de l’opposant, les échanges vont durer deux bonnes heures. Toutefois, rapporte RFI, son entourage a indiqué que le général Francis Béhanzin, commissaire aux Affaires politiques, paix et sécurité de la Cédéao n’était pas le bienvenu. Il n’était pas présent à la rencontre à l’issue de laquelle, le président de la Commission de l’organisation ouest-africaine Jean-Claude Kassi Brou a fait une déclaration. « Il s’agit de faire en sorte de ramener un peu plus de confiance entre les acteurs, ramener un peu de paix, de sérénité, puis surtout arrêter les violences. Je voudrais saisir l’occasion pour remercier Cellou Dalein Diallo et toute son équipe avec qui on a eu une très bonne discussion, des échanges très francs. Nous allons poursuivre nos consultations », a-t-il confié.

Deux vice-présidents de l’UFDG arrêtés 

Pour sa part, Cellou Dalein Diallo, a déjà indiqué qu’il « n’attend pas grand-chose de ces émissaires, toujours rangés du côté d’Alpha Condé ». Quelques instants après la rencontre, son parti a annoncé que deux vice-présidents de l’UFDG, Fodé Oussou Fofana et Kalemodou Yansané, ont été arrêtés par la police, mais ont été finalement libérés. 

Par ailleurs, la délégation diplomatique tripartite a annoncé que la conférence de presse qui était prévue, lundi soir, a finalement été reportée. 

Conakry assiégée

Le Front national de défense de la Constitution (FNDC)), avait appelé à des manifestations pour «protester contre le troisième mandat du président Alpha Condé », hier lundi, mais l’armée réquisitionnée pour le maintien de l’ordre, quadrille tous les  quartiers favorables à l’opposition et aucun rassemblement n’a pu avoir lieu. « Vous avez vu que la ville est totalement assiégée, il y a des kalachnikovs un peu partout, dit-il. Les citoyens sont repliés dans les quartiers. Vous remarquez que depuis hier soir, les gens sont de plus en plus enclins à protéger les minorités ethniques dans leurs quartiers contre les forces de défense et de sécurité », fait remarquer Abdoulaye Oumou Sow, porte-parole du FNDC sur RFI.

Dans un rapport publié, dimanche 25 octobre 2020, Amnesty International a livré les preuves qui montrent que les forces de défense et de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants en Guinée, se basant sur des images satellites, des vidéos authentifiées et des récits de témoins.

Pour sa défense, au cours d’un point presse, le gouvernement a affirmé que des civils se déguiseraient en militaires pour tirer sur les gens. « Ce ne sont pas de simples délits qui se commettent mais ce sont des cas avérés de scènes criminelles savamment et préalablement programmées pour ternir l’image de marque des institutions de l’État », a dit Me Mory Doumbouya, ministre de la Justice.