Foniké Mengué et Ibrahima Diallo, coordinateur et responsable des opérations du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), ainsi que Saïkou Yaya Barry, Secrétaire général de l’UFR, arrêtés ce week-end après les manifestations non autorisées contre la junte, jeudi et vendredi, ont été inculpés et écroués à la prison civile de Conakry, lundi. La Cédéao a fait part de sa vive préoccupation et demandé la libération des détenus.

Arrêtés vendredi nuit et samedi après les manifestations qui ont fait « cinq morts et de nombreux blessés », selon des sources hospitalières, Foniké Mengué, Ibrahima Diallo et Saikou Yaya Barry ont été entendus, lundi après-midi, par un juge d’instruction au tribunal de première instance de Dixinn, avant d’être inculpés pour « participation à un attroupement interdit, pillages, destruction de biens publics et privés, d’incendies et de coups et blessures volontaires ». 

Tous les trois ont été écroués à la prison civile de Conakry. Le FNDC a dénoncé «une énième provocation et l’instrumentalisation de la justice » par la junte.

Le gouvernement a réagi pour la première fois à cette affaire à travers un communiqué publié par le ministère de la Justice, disant déplorer «l’utilisation [des enfants], à des fins politiques » par les organisateurs des manifestations. 

« Il est impératif pour l’Etat de mettre fin à l’utilisation des enfants par qui que ce soit et pour quelque motif qu’il soit, dans le cadre des manifestations sociopolitiques et de situer la responsabilité des parents, tuteurs et autres personnes légalement responsables », indique, en effet, le texte signé de Charles Wright.  

Promettant toute la lumière dans cette affaire, le ministre de la Justice affirme que ces évènements des 28 et 29 juillet nécessitent « des enquêtes sérieuses devant aboutir à la responsabilité pénale des organisateurs et alliés ».

Dans une déclaration publiée dimanche, «la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) exprime sa profonde préoccupation face à la montée des tensions sociopolitiques en Guinée et déplore les violences qui ont eu lieu à Conakry les 28 et 29 juillet 2022, faisant des morts, des blessés et des destructions de biens ».

Ainsi, « la CEDEAO appelle à la libération des détenus et à une enquête rapide sur les circonstances ayant conduit à ces malheureux incidents en vue de traduire les auteurs en justice, conformément à la loi ».

Par ailleurs, « la CEDEAO appelle les autorités guinéennes, la classe politique et la société civile à s’engager dans un dialogue inclusif afin de désamorcer la tension et de convenir d’un calendrier et de modalités raisonnables pour le rétablissement pacifique de l’ordre constitutionnel ».

Une nouvelle médiation devrait être menée en Guinée par la Cédéao dans les prochains jours, après celle conduite, il y a à peine deux semaines, par le nouveau médiateur de la crise guinéenne, Thomas Yayi Boni, et le nouveau président en exercice de l’organisation, Umaru Cissoco Embalo.