Alpha Condé

La Communauté internationale réagit à la situation en Guinée où plusieurs opposants sont emprisonnés depuis plusieurs mois, suite aux contestations après la réélection du président Alpha Condé pour un troisième mandat controversé. Alors que quatre détenus politiques sont déjà morts en détention, l’Union européenne a demandé au Président guinéen de faire toute la lumière sur les opposants actuellement en prison. C’est le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui l’a affirmé, jeudi, à Paris, devant le Sénat, annonçant d’éventuelles « mesures », si cette lumière n’est pas faite.

« Nous estimons aussi qu’il importe d’être très vigilants sur le respect des Droits de l’homme et nous, nous condamnons la poursuite des détentions hors procédure judiciaire d’opposants, en particulier l’opposant, monsieur Ousmane Diallo, (Franco-Guinéen), membre du parti du principal adversaire du Président Condé, Cellou Dalein Diallo), que vous connaissez et pour lequel j’ai décidé d’apporter la protection consulaire », a déclaré Jean-Yves Le Drian devant le Sénat français, dans des propos rapportés par RFI.

« C’est un opposant emprisonné qui est en train d’être auditionné par la Justice, alors qu’il connaît de graves soucis de santé. Il y va donc de la responsabilité du Président Condé de prendre les initiatives nécessaires. Avec l’Union Européenne, nous avons demandé aux autorités de la Guinée de faire toute la lumière sur les évènements qui se déroulent en ce moment, avec éventuellement des mesures à prendre si cette lumière n’est pas faite », a jouté le chef de la Diplomatie française.

Quatre opposants déjà morts en détention en deux mois

Quatre opposants guinéens sont déjà décédés en détention à la prison de la Maison centrale de Conakry.

Dans une déclaration publiée le vendredi 19 décembre 2020, l’Union Européenne avait déjà demandé la libération des « détenus politiques » en Guinée, suite au décès de Roger Bamba en prison, le 17 décembre dernier. M. Bamba était également militant de l’UFDG, le parti du principal opposant Cellou Dalein Diallo. Il était en détention préventive depuis le 10 septembre 2020 à la Maison d’arrêt centrale de Conakry.

Il s’agissait du troisième décès d’opposants politiques détenus en Guinée, après celui d’Ibrahima Sow et de Mamadou Lamarana Diallo, intervenu deux mois auparavant.

Le 16 janvier dernier, Mamadou Oury Barry, un autre jeune opposant guinéen de 21 ans, originaire de la Commune de Ratoma, réputée être le fief de Cellou Dalein Daillo, décédait également en détention à la même prison de la Maison centrale de Conakry. Ce qui portait à 4 le nombre d’opposants au régime d’Alpha Condé, morts en prison en moins de deux mois.

Hier jeudi 28 janvier 2021, Oumar Sylla, alias Foninké Mengué, membre du Front national de défense de la Constitution, (FNDC), également détenu depuis septembre dernier, a été condamné par le tribunal de Mafanco à Conakry, à 11 mois de d’emprisonnement pour, «provocation directe à un attroupement non-armé ». A l’annonce du verdict, l’opposant qui avait dû entamer une grève de la faim pour exiger son procès, a laissé éclater sa colère. « Je continue la lutte contre le troisième mandat de M. Alpha Condé ! », a-t-il crié avant de se voir pousser dans le fourgon par les gardes pénitenciers. Il devra encore purger sept mois de détention. Son avocat, Me Alseny Aïssata a, toutefois, annoncé qu’il va faire appel de cette décision.