Le Colonel Mamady Doumbouya et ses hommes ne perdent pas de temps : ils ont rouvert les frontières du pays, moins de 24 h, après leur prise du pouvoir.

Ils ont convoqué les membres du gouvernement qui ont tous répondu, avec à leur tête le Premier ministre, Kassory Fofana.

Ils leur ont demandé de rendre les clés de leur voiture de fonction et de ne pas quitter le pays.

Ils ont affirmé qu’ils respectaient tous les engagements et accords internationaux souscrits par la Guinée.

Ainsi, ils ont rassuré la communauté internationale sur leur volonté, certes de mettre fin au régime Condé, mais sans « chasse aux sorcières », ni velléités révolutionnaires.

Changer le pays pour le meilleur, en le débarrassant de la corruption, des manipulations politiciennes ethnicistes et du non respect des droits de l’homme, tel est leur programme et la justification de leur coup de force.

Ils promettent aussi un « gouvernement d’union », à travers une démarche inclusive.

Ces propos sont rassurants et les actes posés, jusqu’ici autorisent à y croire.

En effet, ce coup d’Etat s’est déroulé sans effusion de sang, sans arrestations, exceptée celle d’Alpha Condé.

Pour l’heure, les gouverneurs et préfets remplacés ne sont pas inquiétés ; tout comme les ministres, toujours en concertation avec les militaires au Parlement.

Il faut mettre aussi en exergue la présence massive des populations devant le Parlement pour manifester leur soutien à Mamady Doumbouya et ses hommes, qui sont applaudis comme des libérateurs.

Il est vrai que l’autoritarisme d’Alpha Condé avait fini par creuser un fossé gigantesque entre lui et les citoyens assoiffés de liberté, de démocratie et de paix sociale.

C’est ce qui explique cette relation positive entre putschistes et populations, et aussi l’acceptation du coup par la quasi totalité des militaires.

Mamady Doumbouya et ses soldats semblent marcher sur du velours, jusqu’ici.

Les condamnations de la communauté internationale sont de principe et parfaitement compréhensibles.

Mais, telle qu’évolue la situation, elle (la communauté internationale), va rapidement se rendre à l’évidence et réadapter son discours.

Les militaires ont intérêt à continuer à agir vite et à mettre sur pied le gouvernement d’union nationale annoncé.

Cela va couper l’herbe sous les pieds de leurs détracteurs.

Ensuite, il faudra annoncer une durée pour la transition et penser à lever le couvre-feu.

Si la « normalité » prévaut, il ne restera plus que le sort de Condé à régler.

Depuis hier, et au fil des heures, la Guinée est en train de basculer dans une nouvelle ère… Au pas de charge !