Le chef de la junte au pouvoir, Mamadi Doumbouya, a pris la décision de gracier l’ex-président de la transition, Moussa Dadis Camara, qui avait été condamné à 20 ans de prison pour son rôle dans les massacres du 28 septembre 2009. Cette condamnation, largement critiquée par les observateurs avertis de la scène politique guinéenne, semblait avant tout un coup politique destiné à apaiser les populations, renforcer la popularité du nouveau leader et peut-être à lui offrir un bail prolongé au pouvoir.
Dadis Camara, considéré comme l’agneau sacrifié, avait payé le prix de ses déclarations publiques spectaculaires et mal maîtrisées, qui avaient fait de lui la « cible » idéale pour une junte militaire putschiste, sans véritable direction. Mais qu’en est-il de Mamadi Doumbouya ? A-t-il eu un problème de conscience ?
C’est une question légitime, car lorsqu’on a tenté de l’impliquer dans une tentative d’évasion, Dadis Camara a refusé d’en profiter. Cette tentative aurait été un piège pour l’éliminer, mais il n’a pas bougé, se laissant arrêter et reconduire en prison. Tandis que son ancien allié, Pivi, s’était échappé et ne sera capturé que plusieurs mois plus tard, au Liberia.
La vérité sur les massacres du 28 septembre est que les véritables responsables sont Toumba et les militaires présents au stade, qui ont ouvert le feu sur les populations. Dadis Camara n’a pas autorisé ces actes de violence. En fait, il avait demandé à Toumba de se rendre auprès des enquêteurs de la CPI (Cour pénale internationale) qui étaient venus enquêter à Conakry. Mais Toumba a interprété cela comme une tentative de Dadis de le sacrifier, ce qui a conduit à une tentative d’assassinat contre lui.
Il a miraculeusement survécu à cette attaque, après avoir été touché à la tête. Suite à son hospitalisation au Maroc, il a été exilé au Burkina Faso. Il est ensuite revenu en Guinée à l’occasion du décès de sa mère, avant de retourner à Ouagadougou sans difficulté. Ce voyage s’est révélé être un piège tendu par Doumbouya, qui a réussi à faire revenir Dadis sans qu’il ne se doute de rien. Ce dernier a été arrêté par la junte et emprisonné.
Depuis lors, son procès a été soigneusement orchestré pour le faire apparaître comme la victime expiatoire. Aujourd’hui, avec cette grâce présidentielle, Doumbouya semble avoir soulagé sa conscience, mais la véritable histoire des massacres du 28 septembre n’a pas encore été entièrement dévoilée. Peut-être que Dadis Camara décidera un jour d’écrire ses mémoires et de rétablir la vérité sur les accusations qui ont terni son image.