Moussa Dadis Camara

Treize ans plus tard, le procès du massacre du 28 septembre 2009 s’ouvre enfin, ce mercredi, à Conakry. L’ancien chef de la junte militaire à l’époque, Moussa Dadis Camara, rentré en Guinée, samedi, pour les besoins de l’audience s’est présenté hier mardi au greffe où il a été convoqué. Il a été envoyé en prison, juste après son audition, ainsi que cinq autres de ses co-accusés. Les cinq autres accusés dans cette affaire se trouvaient déjà derrière les barreaux.

L’ancien président, porté au pouvoir par un coup d’État militaire en décembre 2008, était rentré en Guinée, samedi, pour « laver son honneur », selon ses avocats dans le cadre de cette affaire, après plusieurs années d’exil au Burkina Faso. Mais Moussa Dadis Camara a été arrêté et envoyé à la prison centrale de Conakry, au même titre que cinq autres coaccusés, juste après son audition. Ils retrouvent en prison les cinq autres personnes accusées dans le cadre de cette affaire et qui avaient été déjà placées derrière les barreaux.

Les onze inculpés

En plus de Moussa Dadis Camara, il y a Abdoulaye Chérif Diaby, alors ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, inculpé en 2012. Il aurait empêché, selon plusieurs victimes, les blessés de recevoir des soins dans les hôpitaux publics. Moussa Thiègboro Camara, gendarme, au moment des faits, était ministre, Chargé de la lutte contre la drogue et le grand banditisme. Malgré son inculpation, il avait été nommé par Alpha Condé, Secrétaire général à la présidence chargé des services spéciaux.

Claude Pivi, alias Coplan, était chargé en 2009 de la sécurité présidentielle. Parmi les accusés, il y a Aboubacar Sidiki Diakité, « alias » Toumba, médecin militaire et ancien aide de camp du capitaine Dadis Camara. Les autres prévenus sont le lieutenant Blaise Guémou, Ibrahima Camara, alias Kalonzo, tous les deux gendarmes, de même que Marcel Guilavogui, Cécé Raphael Haba, Alpha Amadou Baldé et Paul Moussa Guilavogui.

Tous doivent être jugés à partir de ce mercredi, après huit années d’instruction, pour les exactions commises le 28 septembre 2009. Selon une enquête de l’ONU, au moins 156 personnes ont été tuées ce jour-là, 109 femmes violées, de nombreuses personnes battues et des dizaines de manifestants sont toujours portés disparus.

Le procès qui s’ouvre aujourd’hui, dans une salle d’audience flambant neuve, construite pour l’occasion, située dans l’enceinte de l’actuelle Cour d’appel de Conakry, est attendu depuis 13 ans par les centaines de victimes et leurs proches, les activistes et les membres de la société civile. Ce sera le premier procès de violations des droits de l’homme en Guinée. Au moins 450 personnes se sont constituées parties civiles dans le cadre de cette affaire. Les audiences seront filmées, afin de rendre le procès accessible au plus grand nombre de Guinéens.