Le président guinéen Alpha Condé a appelé ses partisans à ne pas basculer dans la violence en vue des élections du 18 octobre, alors que les tensions politiques s’intensifient à l’approche du scrutin et qu’il avait lui-même parlé de « guerre » en septembre.
« Il n’y aura jamais de guerre en Guinée » a déclaré Alpha Condé devant ses soutiens, après avoir expliqué qu’il pensait que l’opposition se proclamerait vainqueur et irait se réfugier dans une ambassade, « en pensant qu’il y aura la guerre ». Les électeurs voteront le 18 octobre en Guinée, où Alpha Condé brigue de manière controversée un troisième mandat.
« On ne prend pas le pouvoir dans le sang, on ne prend pas le pouvoir en cassant des véhicules. On ne prend pas le pouvoir en provoquant les autres », a déclaré le président, incitant les électeurs à ne pas basculer dans la violence.
Le président guinéen, âgé de 82 ans, a fait adopter un référendum contesté en mars, qui maintient la limite de deux mandats présidentiels mais qui lui permet, selon lui, de remettre les compteurs à zéro et donc de pouvoir se représenter.
Alpha Condé s’est aussi récemment attiré des critiques de ses opposants pour avoir attisé les tensions ethniques dans ce pays de 13 millions d’habitants. Dans un discours prononcé en septembre en langue malinké, Alpha Condé a dit aux électeurs que soutenir un candidat d’opposition issu de cette communauté reviendrait à voter pour son opposant principal, Cellou Dalein Diallo.
La politique guinéenne est majoritairement dictée par les enjeux ethniques. Le parti du président Condé est largement soutenu par l’ethnie des Malinkés et l’UFDG de Diallo par celle des Peuls, même si les deux hommes politiques affirment être pluralistes.
Samedi, Alpha Condé s’en est pris à Diallo, clamant devant ses soutiens que l’ancien autocrate Lansana Conté avait « créé » l’opposition guinéenne, ajoutant, à propos de ses opposants: « Bientôt ils seront dans la poubelle de l’histoire ». Cellou Dalein Diallo est un ancien Premier ministre qui a servi sous Condé.
La campagne électorale guinéenne a toutefois déjà été marquée par la violence. Un homme a par exemple été abattu mercredi lors d’affrontements dans le centre du pays, place forte de l’opposition, rappelle l’AFP. Des dizaines de personnes ont également été tuées lors de manifestations s’opposant à un troisième mandat de Condé.