L’appel du président guinéen Alpha Condé, pour la réconciliation, le dialogue et l’unité, mardi 15 décembre 2020, n’est rien d’autre qu’une « imposture ». C’est la réponse de son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, au lendemain de la cérémonie d’investiture du président Alpha Condé devant un parterre de présidents africains.  Depuis un an, la contestation contre un troisième mandat du président guinéen a fait des dizaines de morts.

Réélu pour un troisième mandat à l’issue du scrutin présidentiel du 18 octobre dernier, Alpha Condé, (82 ans), a prêté serment, avant-hier, à Conakry. Une cérémonie qui s’est déroulée sous haute sécurité avec pas moins de 3 000 agents mobilisés dans le centre-ville de la capitale guinéenne et ses environs.

Dans son discours, Alpha Condé, a dit s’être fixé comme objectif le renforcement de l’unité nationale et la cohésion sociale. « Mon engagement est de continuer à œuvrer pour tous dans l’objectif de consigner l’unité nationale et la cohésion sociale. Je suis le président de tous les Guinéens, au service de tous les Guinéens. Dans la réalisation de notre idéal commun, personne ne sera oublié. Aucune partie du pays ne sera exclue. Chaque Guinéen aura sa place », a-t-il dit.

Le chef de l’Etat guinéen a appelé ses opposants à « oublier le passé qui divise au profit d’un avenir d’unité et d’espérance ».

« Je ne vois pas sur quoi on peut discuter »

Son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle pour la troisième fois consécutive, n’a pas tardé à rejeter cette main tendue, qualifiant l’appel d’Alpha Condé comme « une imposture ». « Il faut voir les actes qu’il a posés ces dernières semaines. Non seulement, il m’a séquestré pendant une dizaine de jours. Jusqu’à présent, mes bureaux et le siège de mon parti sont occupés par l’armée, sans aucune décision de justice car tel était son vœu. Lorsque les gens disent qu’il tend une main, je ne peux y croire », a déclaré le leader de l’UFDG dans des propos rapportés par RFI. « L’événement d’aujourd’hui est un coup de force supplémentaire, ni légal, ni légitime », a-t-il ajouté.

Dans un entretien accordé à un média sénégalais le week-end dernier, l’ancien Premier ministre guinéen réaffirmait qu’il est le seul vainqueur du scrutin du 18 octobre.

A la question de savoir s’il est ouvert à la négociation avec Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo avait répondu : « si c’est pour des modalités de faire reconnaître ma victoire, oui. Sinon, je ne vois pas sur quoi on peut discuter ».

Et d’ajouter, « j’ai gagné dans les urnes, j’ai des preuves, je suis prêt à ce qu’une commission d’experts internationaux vienne examiner les documents parce que la Cour constitutionnelle a refusé de le faire, et qu’on puisse dire la vérité dans cette affaire ».

Plusieurs hauts responsables de l’opposition ont été arrêtés et emprisonnés depuis plusieurs semaines par les autorités guinéennes. Depuis un an, les contestations en Guinée ont fait des dizaines de morts, selon l’opposition et des ONG comme Human Rights Watch ou Amnesty International.