Alpha Condé est officiellement candidat à la prochaine élection présidentielle guinéenne du 18 octobre, malgré des mois de contestation contre cette candidature pour un troisième mandat, et des dizaines de morts. L’opposition annonce des actions d’envergure et interpelle la Cédéao.
Va-t-on vers des jours troubles en Guinée après l’annonce de la candidature d’Alpha pour un troisième mandat ? L’opposition le promet ferment et avertit sur les dangers de voir le scénario qui a abouti à la chute d’Ibrahim Boubacar Keita au Mali, se dérouler en Guinée.
Le Front national de défense de la Constitution (FNDC), plateforme qui regroupe l’opposition et la société civile, n’a pas tardé à condamner la candidature d’Alpha Condé et à appeler à « l’union sacrée » contre un éventuel troisième mandat d’Alpha Condé. « Alpha Condé, qui revendique un combat de 40 ans pour la démocratie, aujourd’hui se dédit, renie tout son combat et accepte de changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Les manifestations vont reprendre effectivement contre la confiscation du pouvoir, contre le coup d’État constitutionnel. C’est également un appel que nous allons lancer à la Cédéao à travers ces manifestations pour dire que, pour éviter le scénario malien, il faudrait vraiment que la Cédéao puisse prendre ses responsabilités et demander à monsieur Alpha Condé de retirer sa candidature, et renoncer à son troisième mandat pour la paix et la quiétude sociale en Guinée », a, en effet, déclaré Ibrahima Diallo, le chargé des opérations du FNDC sur RFI.
Pour l’opposant Bah Oury, « la sagesse aurait dû pousser monsieur Alpha Condé à laisser une trace positive pour être le Mandela de la Guinée comme il l’a toujours déclaré par le passé ». Mais, se désole-t-il, « la Guinée, aujourd’hui, est dans une impasse totale, non pas parce que les facteurs objectifs sont difficiles, mais simplement parce qu’il y a une volonté de rester au pouvoir en niant les dynamiques d’alternance démocratique et en ne respectant pas les fondamentaux d’un état de droit. »
Les candidatures au sein du FNDC en question
Mais alors qu’il annonce la reprise des manifestations, Le FNDC doit trancher la question d’éventuelles candidatures en son sein. Une réunion du comité de pilotage de la plateforme FNDC était d’ailleurs prévue, hier mardi après-midi, pour que chaque leader politique dise s’il se compte se présenter à la présidentielle ou non.
Leader de l’opposition et principal soutien du FNDC, Cellou Dalein Diallo devra dire s’il est candidat ou pas. Et s’il décide de briguer la présidence de la République, Diallo risque de perdre le soutien du FNDC, qui a déjà indiqué que : tout candidat à la présidentielle est automatiquement exclu de la plateforme. Le FNDC qui rejette le référendum du 22 mars dernier, estime, en effet, que c’est tout le processus électoral qui est biaisé.
« Nous travaillons sur les stratégies à déployer. Nous allons reprendre dans les jours qui viennent des manifestations illimitées, afin que nous puissions user de tous les moyens légaux pour faire partir monsieur Alpha Condé du pouvoir, car il est une menace à la stabilité du pays », a laissé entendre, Sékou Koundouno, responsable des stratégies et planification du FNDC.
Contrairement à 2010 et 2015, Alpha Condé n’a pas annoncé sa candidature et a laissé à son parti le soin de le faire à sa place. Dans son entourage, on explique le procédé par le fait que c’est son parti qui était demandeur et il lui revenait d’annoncer la candidature de l’actuel chef de l’Etat guinéen. Une petite précaution qui pourra difficilement calmer la tension qui monte déjà en Guinée.