Alors que la Guinée est devenue une prison à ciel ouvert pour tous les opposants, interdits de quitter le pays depuis les dernières élections présidentielles, Alpha Condé qui a unilatéralement fermé ses frontières avec ses voisins, a voulu justifier cette mesure autoritaire en accusant le Sénégal d’être la base arrière de ses opposants. Là où tous les complots seraient ourdis contre son pays, selon lui.
La mauvaise foi d’Alpha Condé n’a pas de limite. Le président guinéen réélu pour un troisième mandat très contesté, a tenté de justifier la séquestration de ses opposants, interdits de quitter le territoire depuis le scrutin présidentiel du 18 octobre dernier, et la fermeture unilatérale de ses frontières avec les pays voisins, par le fait que le Sénégal serait la base arrière de ses opposants. Selon le chef de l’Etat guinéen, tout ce qui se trame contre son pays viendrait du Sénégal.
Hier dimanche 28 mars 2021, alors qu’il se trouvait à Fria, à Tormélin, une sous-préfecture située à quelques kilomètres du centre-ville, où se trouve un projet agricole, soutenu par l’Etat marocain, Alpha Condé s’en est pris au Sénégal qui serait, selon lui, « le bastion de tous les complots », en vue de déstabiliser la Guinée.
« Dieu est grand ! Ils avaient dit que la Guinée allait brûler mais rien n’en est aujourd’hui. Et nous voilà aujourd’hui dans un pays calme. Puisque Dieu ne dort pas. Vous avez vu ce qui se passe chez ceux qui souhaitent voir notre pays brûler. Moi je ne suis contre personne. Depuis que je suis président, je n’ai jamais accepté qu’un opposant vienne calomnier un président et son gouvernement chez moi. Tout le monde sait que tous ceux qui nous insultent, tous les complots se font à Dakar », a osé dire le président Guinéen, en langue Soussou, dans des propos rapportés par Guineenews, pour justifier la fermeture des frontières de la Guinée avec le Sénégal.
Des accusations graves doublées d’une mauvaise foi caractérisée, puisque Alpha Condé a décidé depuis près de cinq mois de fermer ses frontières avec tous ses voisins de manière unilatérale et pas qu’avec le Sénégal.
Le président Maada Bio s’était plaint devant la CEDEAO
Samedi 23 janvier dernier, le président Sierra Léonais, Julius Maada Bio, s’était d’ailleurs plaint des agissements d’Alpha Condé devant la Cédeao lors de la 58ème session ordinaire de l’organisation, pour dénoncer des ‘’incursions répétées des troupes armées guinéennes dans la région frontalière de Yenga’’. Il avait aussi déploré la décision unilatérale du chef de l’Etat guinéen de fermer les frontières entre les deux pays.
Julius Maada Bio s’était dit très préoccupé par « les restrictions imposées » par le gouvernement guinéen, qui entravent la libre circulation des marchandises et des personnes entre les deux pays et provoquent « une énorme perte économique pour les deux pays ».
La Guinée, une prison à ciel ouvert pour les opposants
Il y a plus d’une semaine, Le leader de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, a été encore interdit de quitter le territoire guinéen, alors qu’il s’apprêtait à se rendre en Côte d’Ivoire pour assister aux obsèques du défunt Premier ministre Hamed Bakayoko, le 17 mars dernier. Il avait été refoulé à l’aéroport de Conakry, son passeport confisqué.
C’était la seconde fois que Cellou Dalein Diallo était interdit de quitter la Guinée depuis la dernière élection présidentielle.
Lors des funérailles de l’ancien opposant malien, Soumaïla Cissé, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée, avait également été empêché de sortir du territoire. Depuis octobre dernier, à l’issue du dernier scrutin présidentiel, tous les opposants guinéens sont systématiquement interdits de quitter la Guinée.
Le président de l’UFR, Sidya Touré, avait été le premier à être victime de cette mesure du régime d’Alpha Condé en octobre dernier. Même l’épouse de Cellou Dalein Diallo, Adjia Halimatou Diallo, avait été empêchée de quitter la Guinée, alors qu’elle se rendait à Dakar, au Sénégal, en décembre dernier.
Plusieurs responsables de l’opposition guinéenne sont emprisonnés depuis le mois de septembre dernier, suites aux manifestations post-électorales qui avaient fait une dizaine de morts dans le pays. Quatre parmi ces détenus politiques sont déjà décédés en prison.