Réélu pour un troisième mandat à l’issue du scrutin présidentiel du 18 octobre dernier, le président guinéen Alpha Condé a prêté serment, hier mardi 15 décembre 2020, à Conakry, dans l’imposant Palais Mohammed V, placé sous haute sécurité pour l’occasion. Une douzaine de chefs d’Etat africains et de représentants de la France, de la Cédéao ou encore des Nations Unies, ont pris part à la cérémonie. Dans son discours d’investiture, Alpha Condé,(82 ans), a appelé les guinéens à « oublier le passé ».
Parmi les chefs d’État, qui étaient présents à la cérémonie, il y avait, entre autres, le ghanéen Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Cédéao, Idriss Déby du Tchad, Denis Sassou-Nguesso du Congo ou encore Georges Weah du Libéria.
Toutefois, l’on a noté les absences remarquables des voisins directs de la Guinée comme Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Macky Sall, du Sénégal et Umaro Sissoco Embaló de la Guinée-Bissau. Ce dernier avait d’ailleurs remis en cause la réélection d’Alpha Condé pour un 3ème mandat et avait refusé de le féliciter. D’autres, en Afrique de l’Ouest, qui s’étaient également clairement prononcés contre un troisième mandat d’Alpha Condé, notamment Mahamadou Issoufou et Muhammadu Buhari, respectivement présidents du Niger et du Nigeria, étaient aussi absents de cette cérémonie.
A la demande du président de la Cour constitutionnelle, Alpha Condé a dit le « le serment prévu à l’article 48 de la Constitution » guinéenne. Dans son discours, le chef de l’Etat guinéen a demandé à ses concitoyens d’«oublier le passé » pour se tourner vers « un avenir d’unité et d’espérance ».
« J’exhorte chacun d’entre vous à oublier le passé qui divise, au profit d’un avenir d’unité et d’espérance », a-t-il déclaré, dans des propos relayés par France 24, affirmant sa « conviction que la Guinée se fera avec tous les Guinéens ».
Mais, a-t-il souligné, « chacun doit respecter la loi et bannir de ses propos et de ses actes la violence, afin que notre pays demeure une société de liberté et de responsabilité », faisant ainsi allusion aux violences lors des manifestations organisées depuis plus d’un an par l’opposition contre sa candidature à un troisième mandat, qui ont causé des dizaines de morts, selon l’opposition et des ONG comme Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International.
Pour sa part, le pouvoir accuse les leaders de l’opposition, dont plusieurs ont été arrêtés et emprisonnés depuis le scrutin du 18 octobre, d’être les responsables de ces violences.
Alpha Condé sera installé dans ses fonctions le 21 décembre prochain. Opposant historique, il avait été élu en 2010, puis réélu en 2015, avant de changer la Constitution guinéenne, le 22 mars dernier, pour briguer un troisième mandat.