La bataille politique entre le premier vice-président de la Guinée-Equatoriale, Téodorin et son demi-frère Gabriel Lima, ministre du pétrole est de plus en plus dure. Elle reste à fleurets mouchetés mais elle pollue le climat politique à Malabo. Le vice-président veut contrôler le secteur pétrolier qui compte pour plus de 85% des exportations du pays et génère, quand les prix sont bons, environ 10 milliards de dollars.

De manière indirecte Téodorin qui, avec son père, le président Obiang et sa mère la première dame Constancia a une signature sur le trésor public, a accès aux revenus pétroliers. Mais il veut un contrôle absolu que lui refuse son père qui estime, à juste raison qu’il n’a aucune qualification pour diriger ce secteur stratégique. Contrairement à Gabriel qui a été bien formé aux USA pour cela.

L’équation est complexe car si le processus de dévolution du pouvoir arrive à son terme, Téodorin va décider de tout et va certainement écarter Gabriel et beaucoup de ses demi-frères. Tous ceux qui n’ont pas fait allégeance à lui ou qu’il ne peut pas voir en peinture. Son père de président le sait bien et, pour le moment protège les uns et les autres et empêche le vice-président de faire la purge. Tant que Obiang va contrôler la situation l’équilibre va demeurer mais après la guerre va être déclarée. Elle sera sans pitié, non seulement entre le vice-président et les Lima mais aussi avec ses oncles, frères de Obiang qui ne l’aiment pas du tout.

Téodorin compte sur des fidèles comme Osa-Osa, patron du parti PDGE(parti démocratique de Guinée-Equatoriale), ex-ministre de la communication qui est un vrai faucon du régime. Gabriel est protégé par son père le président, lui et ses frères et sœurs ainsi que leur maman originaire de Sao-Tomé. Pour Téodorin, ils sont des étrangers et pire…

La position de Obiang est inconfortable car il est sous influence de sa femme et des gardiens de la Tradition pour que la transmission du pouvoir se fasse dans les règles. Il y tient mais expose ses autres enfants. Car il sait bien que Téodorin ne leur fera aucun cadeau. L’équilibre de la terreur règne ainsi en Guinée-Equatoriale et va perdurer tant que Obiang restera aux commandes. Après c’est l’inconnu.

Pour Téodorin un rendez-vous crucial est prévu à Paris le 19 juin au tribunal correctionnel où il doit faire face au parquet et à l’ONG SHERPA. Il est accusé d’enrichissement illicite sur le dos des populations de Guinée-Equatoriale. Ce procès est, à vrai dire plus politique qu’autre chose. Pourquoi lui et personne d’autre ?

Il faisait face au même problème aux USA mais a pu trouver un arrangement avec les autorités. Cette possibilité n’est pas offerte en France. Mais il a pris ses précautions et ne manquera pas de riposter si la justice française le condamne. Il ne doit pas oublier cependant que son pays utilise le franc CFA.

Gabriel observe et ne boude pas son plaisir. Les ennuis judiciaires de son demi frère son du pain bénit pour lui et retarde l’affrontement final entre eux. Obiang a l’esprit troublé et compte sur le savoir-faire des avocats Emmanuel Marsigny et Tchikaya qui vont défendre son fils et dauphin à Paris.

Mais pourquoi diable ne réconcilie-t-il pas ses deux fils ? Il y a deux « premières dames » qui s’affrontent aussi. Le président est prudent. Cela lui réussit depuis bientôt 38 ans. Personne ne dit mieux en Afrique.