Moins d’une semaine après l’annonce faite par le chef d’État-major des armées de la Guinée-Bissau, qui a affirmé, jeudi dernier, avoir déjoué un coup d’Etat dans le pays, le Président de la République, Umaru Sissoco Embaló, a démenti une telle information. Le chef de l’Etat bissau-guinéen qui a rencontré le président français, Emmanuel Macron, à Paris, le vendredi 15 octobre 2021, a déclaré, dans une interview accordée à RFI et à France 24, que les propos du général ont été déformés.
Il avait déjà quitté le pays, quand le général Biagué Na Ntan déclarait, jeudi dernier, avoir déjoué un coup d’Etat en Guinée-Bissau. «Nous avons réussi à identifier un groupe de militaires des FARP (Forces armées révolutionnaires du peuple), qui est en train de mobiliser des soldats en achetant leur conscience contre des billets de banque afin de subvertir l’ordre constitutionnel établi», avait, en effet, indiqué le chef d’Etat-major général des armées, à l’occasion de la cérémonie de célébration du 47ème anniversaire de la création de la Police militaire.
«Ce sont les soldats ayant reçu de l’argent qui ont dénoncé les auteurs de ces actes ignobles», avait ajouté le général Nan Ntan, le jour-même où le président Umaru Cissoco Embalo avait quitté le pays pour un voyage de 48 heures.
Mais ce dernier a nié toute préparation de coup d’État en cours dans son pays. Interrogé à ce sujet par Alain Foka, il déclare : « Ce n’est pas ça qu’il voulait dire. Il est en train de dissuader les jeunes de ne pas se mettre dans les choses des coups d’Etat. C’est un conseil qu’il est en train de donner et les gens l’ont mal compris ».
Une visite en Guinée Conakry, bientôt…
Suspecté d’avoir soutenu les putschistes en Guinée Conakry, il rétorque, « non, je suis un démocrate. Malgré le fait qu’Alpha et moi, nous ne nous aimons pas, je ne peux pas soutenir un putsch ».
Mieux encore poursuit Umaru CissocoEmbalo, « il n’y a pas un putsch nécessaire. Malgré le fait qu’Alpha Condé avait déjà 83 ans, la manière dont il a conduit le pays, les divisions ethniques qu’il a faites là-bas, ça ne peut pas me donner le plaisir de soutenir un putsch. Moi j’ai laissé le camp, j’ai changé mon uniforme militaire de général pour devenir civil. Le putsch est démodé », affirme-t-il.
Interpellé sur sa proximité avec MamadyDoumbouya et Assimi Goïta, il déclare, « Doumbouya, on a même parlé avant-hier. Aujourd’hui c’est un chef d’Etat de facto. Doumbouya et Goïta sont des chefs d’État ».
Interrogé sur l’image de plaque tournante de la drogue qui colle à la Guinée-Bissau, UmaruCissoco Embalo est catégorique, « ça, c’est du passé. On ne parle plus de ça en Guinée-Bissau, depuis que je suis arrivé. On ne parle plus de trafic de drogue, corruption. C’est une chose qui est terminée ».
Malgré les sanctions de la Cédéao contre la Guinée Conakry, le président Embalo a annoncé qu’il a prévu de se « rendre à Conakry, incessamment », soulignant que « le président de la Sierra Leone était là-bas. Nous sommes des voisins ».