Depuis le 26 janvier dernier, l’armée sénégalaise a lancé une vaste opération militaire en Casamance pour neutraliser les éléments armés, notamment les rebelles du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance, (MFDC), qui commettent des exactions contre les populations dans cette zone de près de 1500 km, à la frontière bissau-guinéenne. Les autorités de ce pays frontalier ont déployé leur armée pour empêcher les bandes armées de fuir et de s’infiltrer dans leur territoire.

Des tirs à l’arme lourde résonnent depuis une semaine le long de la frontière entre le Sénégal et la Guinée-Bissau, au Sud de Ziguinchor, dans les forêts de Bissine, Adéane et Kaour, une zone qui s’étend sur 1500 km.

Selon le porte-parole de l’armée sénégalaise, qui s’est confié à RFI, les objectifs de la mission sont de « neutraliser des éléments armés qui ont pris refuge dans cette zone pour perpétrer des exactions contre les populations», « de lutter contre les trafics » – notamment de cannabis et de bois – et de « poursuivre l’accompagnement sécuritaire » des populations dans leurs localités.

L’armée sénégalaise est décidée à déloger de leur gîte les éléments du MFDC cachés dans ces forêts. Les fortes détonations entendues dans la nuit de vendredi à samedi ont suscité la peur et l’inquiétude des habitants de ces villages bissau-guinéens, dont certains ont déjà mis leur famille à l’abri, loin des zones de combats.

Dans le village bissau-guinéen de Nhalom, à seulement 1 500 mètres de la frontière sénégalaise, des tirs à l’arme lourde ont réveillé les habitants, samedi dernier. Des roquettes sont tombées dans le village sans faire de victime, toujours selon la radio française.

Les armées bissau-guinéennes et sénégalaises en parfaite entente

Mais l’armée bissau-guinéenne surveille de près la situation. Elle a déployé des hommes pour, selon un officier sur place, cité par la même source, « protéger les villages frontaliers et empêcher l’infiltration des hommes armés dans son territoire ». Et pour l’heure, aucun élément du MFDC n’aurait encore franchi la frontière. « Les rebelles ne sortent plus de leur base. Ils ne viennent plus dans notre village », indique-t-il.

Les rebelles du MFDC ont souvent utilisé leurs bases dans les pays frontaliers du Sénégal pour battre en retraite et fuir les combats.

Mais pour l’heure, ils sont pris dans l’étau des militaires sénégalais et bissau-guinéens, qui ont bouclé leurs frontières pour leur barrer la route. Les forces de défense Bissau-guinéennes ne veulent plus que leur pays soit une terre de refuge et de repli pour ces rebelles. « Fortement armés, ces militaires de l’armée bissau-guinéenne surveillent de jour comme de nuit la frontière », a récemment indiqué une source militaire au journal L’Observateur, (quotidien sénégalais).

Les autorités de l’armée sénégalaise et leurs homologues de Bissau étaient d’ailleurs en conclave, il y a quelques semaines à Ziguinchor, avant le déclenchement des opérations de sécurisation pour harmoniser leur stratégie.

De nombreux villageois, déplacés ces dernières années dans la capitale régionale de Ziguinchor à cause de l’insécurité, ont d’ailleurs commencé à retourner sur leurs terres depuis juillet dernier.