Les évènements – toujours en cours – qui ont secoué la Guinée-Bissau sont révélateurs de la complexité de la situation politique de ce petit pays. José Mário Vaz, président élu au suffrage universel direct, limoge son premier ministre, membre du parti majoritaire au parlement et celui-ci se rebelle.
Le problème est que le président et le premier ministre sont du même parti, le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert. Le PAIGC est la formation historique qui a mené victorieusement la lutte contre le colonialisme portugais.

Psychodrame à la tête de l’Etat

Le limogeage d’un chef de gouvernement qui serait un fait anodin dans d’autres démocraties prend ici les allures d’un psychodrame.
En effet le président qui dans la foulée a nommé un nouveau premier ministre s’est vu désavouer par la Cour Suprême qui a statué que cette nomination était anticonstitutionnelle.
Cette décision consacre de facto la primauté du parti, même si une lecture démocratique permet aussi de légitimer la position des partisans du chef du gouvernement destitué qui doit être choisi par le parti majoritaire à l’Assemblée.
Mais il se trouve aussi que le nouveau premier ministre Baciro Dja est membre du PAIGC. Il a démissionné immédiatement après la décision de la Cour Suprême.

Le symptôme d’une crise profonde

C’est donc le statut quo et le président Vaz va devoir s’accorder avec le leadership de son parti pour désigner un nouveau Premier ministre. Il est certes difficile d’envisager que l’ancien Premier ministre revenienne. Cela écornerait dangereusement l’autorité du chef de l’Etat.

Cet épisode est symptôme d’une crise profonde qui mine ce petit pays très pauvre en proie aux narcotrafiquants et à la corruption.
Il faut s’attendre à d’autres rebondissements si la communauté internationale et africaine d’abord n’intervient pas pour favoriser le dialogue et une sortie de crise en Guinée-Bissau. Il y a urgence.