Dirigeant la Gambie d’une main de fer depuis vingt-et-un ans, Yahya Jammeh n’a aucune envie de changer de comportement. Il ne fait aucun cas des accusations réitérées portées contre son régime autoritaire qui viole les droits de l’homme, harcèle les journalistes et impose à tout le pays des pratiques policières arbitraires.

Inquiétude depuis le coup d’Etat raté

Ayant échappé à un coup d’Etat, le président gambien est devenu plus frileux malgré des sorties médiatiques musclées qui essaient de cacher le vrai état psychologique de celui qui avait lui-même arraché le pouvoir par la force.

Le problème de Jammeh,c’est qu’il est encore jeune après plus de deux décennies de pouvoir sans partage. Et l’échec du coup d’Etat de décembre 2014 l’a radicalisé davantage encore.
Il a désormais la preuve qu’il tient fermement les rênes du pouvoir, d’autant qu’il était à l’étranger au moment où le putsch a été tenté. Et qu’il a pu rentrer au bercail sans grande difficulté.

Se maintenir coûte que coûte, sas démocratie

Mais chat échaudé craint l’eau froide et Jammeh n’aurait aucune chance de gagner des élections libres, démocratiques et transparentes.
L’homme fort de la Gambie n’a pas de base sociale, et encore moins un leadership reconnu et accepté par la majorité des Gambiens. Seule une main de fer le maintient au pouvoir et le coup d’Etat auquel il a échappé lui a certainement fait prendre conscience de la fragilité de sa position.

Les inscriptions sur les listes électorales sont en cours et le faible taux de participation des citoyens constaté par la commission nationale indépendante en charge de cette procédure est inquiétant.
D’abord parce qu’il y a violation des droits démocratiques des citoyens à qui il est demandé de payer une somme d’argent pour s’inscrire. Ensuite pour l’élection présidentielle la caution exigée a été multipliée par dix mille pour atteindre 23000 euros, une somme faramineuse dans un pays aussi pauvre.

Ces manœuvres prouvent que Jammeh ne compte pas sur sa popularité pour se faire réelire. Il veut se maintenir coûte que coûte à la tête de la Gambie où non seulement il confisque l’Exécutif mais aussi le législatif avec 43 députés sur 48 membres qui appartiennent à son parti : APRC. Il prépare donc un nouveau hold up électoral.

 

 

Crédit photo : “Yaya Jammeh” by Jagga – Own work. Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.