Ex-alliés devenus ennemis ,le président Adama Barrow et son challenger, Usainu Darboe sont les deux principaux candidats de la Présidentielle prévue samedi, en Gambie.
L’avènement surprise de Barrow, tombeur du dictateur Yaya Jammeh n’a pu être possible que parce que Darboe ,leader incontesté de l’opposition d’alors ,avait été emprisonné et empêché d’être candidat.
Libéré ,il sera membre du Cabinet du nouveau président qui s’était engagé à faire « seulement 3 ans sur un mandat de 5 » .Il changera d’avis et alla jusqu’au bout.
Ayant en cours de route, coupé les liens avec son allié Darboe, qu’il congédia.
Barrow ,qui a visiblement pris goût à la politique ,a créé son parti politique , le parti national du peuple(NPP),il y a moins de 2 ans (31 décembre 2019) et , a annoncé son intention de briguer un second mandat.
Usainu Darboe ,opposant historique du dictateur Jammeh, politicien très expérimenté, est déterminé à « reprendre sa place ».
Entre « trahison » et « vengeance », un duel sans merci est donc en cours en Gambie ,un pays démocratique qui a été balafré par le règne sanguinaire de Jammeh, pendant 22 ans.
D’ailleurs ,le rapport de la Commission « Vérité et Réconciliation »,mise sur pied par le gouvernement, vient d’être remis au chef de l’Etat..
Il était attendu ,pour constater l’étendue des crimes perpétrés par Jammeh ,pour que la justice puisse agir.
La position de Barrow ,dans cette affaire est floue ,car l’homme s’était rapproché des « pro-Jammeh » pour les faire basculer dans son camp.
Une partie de ceux-ci ,a répondu à l’appel ; mais Jammeh a appelé ses soutiens à refuser la main tendue de Barrow.
Il a adoubé un autre candidat, Mammah Kandeh, qui a eu l’outrecuidance de diffuser des vidéos de soutien de Jammeh.
Trois autres candidats (Halifa Sallah, Abdoulie Ebrima et Essa Mbaye Faal), complètent le tableau.
A l’évidence, le scrutin du 4 décembre ,est très ouvert ; même si les deux favoris sont Darboe et Barrow.
La question ethnique se pose, car Darboe appartient à la communauté « Socé » (mandingues),majoritaire, relativement.
Barrow qui est Soninké et Pulaar, compte sur le soutien des autres ethnies minoritaires ,comme les Wolof et même les Diolas, dont est membre Jammeh.
Cet aspect communautaire est souvent esquivé ,mais va certainement peser et faire la différence.
Si Barrow réussit à fédérer les ethnies minoritaires, alors il a des chances de l’emporter.
Darboe peut s’appuyer sur les « Socé » et sur les faiblesses de l’action de Barrow, notamment ses tentatives de rapprochement avec les pro-Jammeh.
La singularité du scrutin gambien ,est qu’il est à un seul et unique tour : celui qui arrive en tête ,est élu.
Barrow a certes les leviers du pouvoir ,mais Darboe a un « avantage ethnique » indéniable.
Mais le jeu reste ouvert.