La résolution de la crise gambienne a démontré les qualités remarquables d’homme d’État du président sénégalais Macky Sall. Vu le caractère sensible du problème sur de nombreux aspects pour son pays dans lequel la Gambie est enclavée, il a mis en avant la CEDEAO.
Ce choix politique et diplomatique a été pertinent et payant car l’objectif recherché à savoir le départ du dictateur Yaya Jammeh a été atteint sans effusion de sang.
Mais c’est bien la fermeté et le jeu subtil du chef de l’Etat sénégalais qui a été l’atout majeur de la CEDEAO.
En effet, dès la victoire annoncée et reconnue par Yaya Jammeh de Adama Barrow, Macky Sall a appelé ce dernier pour le féliciter.
Cet acte a scellé le sort de Jammeh dont les volte-faces ultérieurs ne pouvaient plus changer la donne. Car à la suite des félicitations du Sénégal, de nombreux autres pays ont suivi en Afrique et dans le monde.
Mais l’action diplomatique du président Sall ne s’est pas arrêtée là : il a actionné le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Union africaine pour « verrouiller » l’affaire sur le plan diplomatique.
La suite lui donnera raison car touts ces instances vont appuyer toutes les actions décidées par la CEDEAO y compris celle d’utiliser la force si nécessaire. Le piège s’est ainsi refermé su Yaya Jammeh dont les amis mêmes ne pouvaient plus rien faire sauf à essayer de le persuader de quitter le pouvoir.
Macky Sall a donc fait preuve de maestria et il faut saluer sa lucidité et sa détermination car sans la menace claire et nette de l’action militaire Jammeh n’aurait jamais lever le pied.
Pour le Sénégal c’est une immense opportunité politique qui se présente. Il faut capitaliser dessus et se rappeler l’échec de 1981 après l’appui militaire apporté à l’ex-président gambien Jawara qui avait ensuite roulé le président Abdou Diouf dans la farine.
C’est l’occasion de renforcer les relations bilatérales dans tous les domaines, dans le respect scrupuleux de la souveraineté gambienne. La construction du pont sur le fleuve Gambie doit être une priorité et ce d’autant que les financements sont disponibles et que c’est dans l’intérêt des deux pays et des deux peuples.
Il faut que la CEDEAO continue de sécuriser le pays encore pendant un certain temps pour le débarrasser des mercenaires recrutés par Jammeh et des trafiquants de tout acabit qui ont prospéré avec le régime de la dictature et de l’oppression.
Aider la Gambie à restaurer l’Etat de droit est un impératif.
Le Sénégal a tout gagné à renforcer sa coopération bilatérale avec la Gambie qui abrite le même peuple divisé par les colonialistes. Ce nouveau départ est à saisir par Barrow et Sall pour réécrire l’histoire avec audace et dans le respect des intérêts des sénégalais et des gambiens qui sont un seul et même peuple.