C’est un nouveau pas vers l’application des recommandations de la Commission réconciliation et vérité qui a enquêté sur les exactions de l’ancien président. Après s’être dit prêt à juger Yahya Jammeh en Gambie, le gouvernement de Banjul a annoncé en début de semaine, la suspension de travail des employés accusés de crimes sous le régime de l’ex dictateur.

Les employés accusés de crimes sous Yahya Jammeh seront suspendus de travail. L’annonce faite il y a quelques jours par le gouvernement gambien a été saluée par les victimes et leurs familles qui attendaient depuis plusieurs mois que Banjul applique les recommandations de la Commission. La mesure prendra effet dans quelques jours.

Pour l’heure, aucune liste officielle des personnes concernées n’a été publiée. Mais la mesure touche plusieurs membres de l’armée, de la police et le directeur des opérations de l’Agence de lutte contre la drogue. Tous seraient des acteurs majeurs des atrocités commises par l’ancien dictateur et qui auraient fait près de 250 personnes tuées par l’Etat gambien et ses hommes de main.

Cette suspension figure parmi les recommandations de la Commission d’enquête et peut être considéré comme un premier geste du gouvernement de rendre justice aux victimes, après l’annonce faite par Banjul de vouloir juger l’ex chef d’Etat en Gambie.

Toutefois, le sort de Yahya Jammeh, toujours en exil en Guinée équatoriale, n’est pas encore réglé pour autant.

La question de son extradition en Gambie reste toujours en suspens. Le président équato-guinéen est accusé de vouloir protéger Jammeh. Signe que les choses ne bougent pas, le président Adama Barrow n’avait pas évoqué cette question le mois dernier lors de sa dernière visite à Malabo.

Il y a aussi la problématique pour la Gambie de mettre en place un Tribunal spécial qui permettra de juger l’ancien dictateur à Banjul. Un jugement qui demandera, sans doute, beaucoup de moyens et pour lequel la Gambie aura besoin du soutien d’autres pays, notamment de ses voisins.

Lors d’une conférence de presse, en fin mai, à Banjul, le ministre gambien de la Justice, Dawda Jallow avait annoncé que le gouvernement est prêt à faire juger, en Gambie, Yahya Jammeh et 69 de ses complices pendant son régime.

A la tête du pays pendant 22 ans, de 1994 à 2017, Yahya Jammeh est accusé de nombreux crimes, enlèvements, exécutions sommaires et même de viols et violences sexuelles contre plusieurs femmes. Avec la NIA, le service de renseignement et ses fameux « junglers », un groupe paramilitaire, rattaché à la Présidence, il a torturé et emprisonné plusieurs opposants politiques et de simples citoyens.