Lors d’une rencontre avec la presse, hier mercredi, au Centre international de conférence de Banjul, le ministre gambien de la Justice, Dawda Jallow a annoncé que le gouvernement de Banjul est prêt à faire juger, en Gambie, l’ancien dictateur Yahya Jammeh et 69 de ses complices qui étaient dans son régime. Le département de la Justice accepte, ainsi, les recommandations de la Commission Vérité, soumises en novembre dernier aux autorités gambiennes.
« Sur les 265 recommandations proposées par la Commission Vérité, le gouvernement n’en a rejeté que deux, le reste des recommandations sera donc implémenté, d’une manière ou d’une autre », a, en effet déclaré Dawda Jallow face à la presse. Parmi ces recommandations figurent donc ces poursuites judiciaires contre Yahya Jammeh et 69 de ses hommes de main.
« L’ancien président Yahya Jammeh devra faire face à la justice. Les modalités sur comment nous allons y arriver, nous y travaillons ; nous travaillons sur une stratégie de poursuite judiciaire sur laquelle nous vous informerons. Dans tous les cas, le président Jammeh devra répondre pour les atrocités qu’il a commises dans ce pays», a ajouté le ministre gambien de la Justice.
Autres recommandations acceptées par le gouvernement, l’interdiction pour toutes les personnes mentionnées dans le rapport de servir dans la Fonction publique gambienne, l’indemnisation conséquente pour les victimes et leurs familles et la création d’un Tribunal spécial en Gambie. Présentes en grand nombre dans la salle, hier, les victimes n’ont pas manqué d’exprimer leur soulagement.
A signaler qu’une autre commission sera mise en place par le gouvernement pour prendre la suite de la Commission Vérité et sera chargée d’identifier d’autres victimes potentielles et voir quelles aides pourraient leur être apportées.
Par ailleurs, l’Arche 22, le principal monument à Banjul, sera renommé « Never again » (« Plus jamais »), la devise de la société civile lors de la campagne qui a conduit à la fuite de Yahya Jammeh.
Toutefois, il reste à voir quelles modalités pratiques le gouvernement gambien mettra-t-il en place pour la mise en œuvre de cette justice transitionnelle.
Pendant les 22 ans qu’il est resté à la tête du pays, de 1994 à 2017, Yahya Jammeh est accusé de nombreux crimes, enlèvements, exécutions sommaires et même de viols et violences sexuelles contre plusieurs femmes. Avec la NIA, le service de renseignement et ces fameux « junglers », un groupe paramilitaire, rattaché à la Présidence, il a torturé et emprisonné plusieurs opposants politiques et de simples citoyens.
Il quittera le pouvoir en 2017 sous la pression internationale pour s’exiler en Guinée équatoriale où il vit toujours, après avoir refusé de reconnaître la victoire d’Adama Barrow lors de l’élection présidentielle de 2016. Plusieurs de ses biens, estimés à 400 millions de dollars ont été saisis après sa fuite.