Yankoba Badjie a été inculpé hier et placé en détention pour le meurtre de Solo Sandeng, un membre de la coalition de Barrow.

L’arrestation de Yankoba Badjie, l’ex-patron de la tristement célèbre NIA(national intelligence agency), la police secrète de Yaya Jammeh annonce le début de la purge en Gambie.

Adama Barrow, le nouveau président avait révélé qu’une « commission d’enquête sur la disparition de tous ceux qui ont été arrêtés sans laisser de traces » allait être créée. C’était le jour de la célébration de l’indépendance de son pays le 18 février dernier. Deux jours après Yankoba Badjie a été arrêté et aujourd’hui il est déféré devant le tribunal de Banjul.

D’autres interpellations ont déjà eu lieu et il est permis de penser que cela va continuer aussi bien en Gambie que dans les pays limitrophes.

Cette purge est un impératif politique et éthique car des dizaines de gambiens ont été assassinés, torturés, emprisonnés et humiliés pendant les 22 ans de règne de terreur de Jammeh.

C’est pourquoi ce dernier va devoir répondre de ses crimes tôt ou tard.

La réconciliation nationale ne sera possible que si la justice passe. Sans esprit de revanche mais dans le respect de l’exigence de vérité.

L’euphorie de la liberté retrouvée est entrain de s’estomper et c’est donc le bon moment pour situer les responsabilités des uns et des autres.

Les complices de Jammeh et autres tortionnaires qui ont choisi de rester et/ou n’ont pas pu fuir doivent rendre compte à la justice. La purge s’impose d’elle même et la démocratie aussi l’exige.

Il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières mais d’une logique politique qui, seule va préserver la paix sociale et le système démocratique.

Beaucoup de familles victimes des sbires du régime de Jammeh attendent que justice leur soit rendue. Il y a les morts et les « disparus ». Yankoba Badjie peut éclairer la lanterne de la justice et donner des informations capitales pour que la justice gambienne et la Cour pénale internationale préparent le dossier judiciaire de Jammeh. Plus des preuves accablantes seront réunies; plus facilement la CPI pourra mobiliser rapidement un soutien planétaire pour demander que Jammeh soit extradé à la Haye. Ce dernier n’a pas moins de sang sur les mains que Charles Taylor ou encore Laurent Gbagbo. Comme eux il doit être arrêté et remis à la CPI ou à une cour de justice africaine.