La Commission Vérité et Réconciliation, chargée d’enquêter sur les crimes commis sous le règne de l’ancien président Yahya Jammeh a reporté, hier jeudi 30 septembre 2021, la remise de son rapport final. C’est le troisième report de la part de cette Commission, qui a invoqué un manque de temps. Une décision qui inquiète, toutefois, les victimes et leurs proches, dans un contexte préélectoral qui voit des alliances se nouer, notamment entre le parti de l’actuel président et celui de l’ex dictateur, Yaya Jammey.
L’ampleur de la documentation à compiler, qui tient sur 16 volumes, est la principale raison invoquée par la Commission Vérité et Réconciliation pour expliquer ce troisième report de la publication de son rapport. Mise en place en octobre 2018, cette Commission avait entamé, depuis janvier 2019, l’audition de près de 400 témoins et recueilli environ 3000 déclarations.
Ce troisième report intervient dans un contexte politique assez complexe, qui a vu le parti de l’actuel président, Adama Barrow, s’allier avec celui de l’ancien chef de l’Etat, Yaya Jammeh, au début de ce mois de septembre.
Cette alliance à trois mois du scrutin présidentiel de décembre prochain sème le un doute sur la volonté de poursuivre l’ex-dirigeant et ses camarades pour leurs exactions et violation des droits de l’homme.
Les victimes et leurs proches craignent, en effet, que les dignitaires de l’ancien régime, nouveaux alliés du pouvoir en place, bénéficient d’une certaine protection, malgré la gravité des crimes commis. Pour ces victimes et leurs familles, ce nouveau report est injustifié et incompréhensible.
L’ancien président Yaya Jammeh est accusé par plusieurs témoins, notamment sa garde rapprochée, d’être le commanditaire de plusieurs crimes dont celui du célèbre journaliste, Deyda Haidara, assassiné en 2004.
En juin 2019, l’ONG Human Rights Watch avait publié un rapport accablant après 18 mois d’enquête, accusant Yahya Jammeh qui a régné pendant 22 ans en Gambie, de nombreux crimes, notamment de violences sexuelles sur de nombreuses femmes qu’il employait dans son palais.