La carrière de dictateur de Yaya Jammeh est désormais terminée. L’exil commence pour le petit soldat putschiste devenu un despote sanguinaire. Il quitte un pays terrorisé pendant plus de deux décennies. Heureusement pour lui la sortie s’est faite en douce grâce aux efforts persévérants des leaders africains de la CEDEAO et du président Ould Aziz de la Mauritanie.
Une fois n’est pas coutume, les Africains ont été capables de gérer eux-mêmes une crise qui aurait pu éclabousser de sang un peuple déjà martyrisé par un homme imprévisible, cruel et lâche. Parce que Jammeh a décidé de fuir et de sauver sa peau quand il s’est rendu compte que la CEDEAO soutenue par l’ONU et l’UA était déterminée à utiliser la force pour le déloger. C’est alors qu’il a accepté de filer à l’anglaise.
Il s’est permis de jouer la montre car Alpha Condé et Ould Aziz sont revenus à Banjul et sont restés à ses côtés. Et le président guinéen, jusqu’au bout.
S’il n’était pas parti avec lui, les troupes de la CEDEAO allaient immédiatement entrer en action et n’auraient fait qu’une bouchée de ses derniers fidèles.
Cette solution extrême évitée, il faut s’en féliciter.
Toutefois, au vu des crimes commis par Jammeh; il ne saurait être question d’abandonner toute poursuite contre lui. D’ailleurs personne ne lui a rien promis dans ce sens et pour cause.
Pour le moment les gambiens ont d’autres urgences pour réorganiser les forces de sécurité et renforcer les institutions démocratiques.
Adama Barrow président élu doit regagner Banjul et s’atteler à la formation d’un gouvernement d’union et/ou de large ouverture nationale.
L’unité et la cohésion nationales doivent être de rigueur à tous les niveaux pour sortir le pays de son traumatisme et accompagner les citoyens dans leur nouvelle vie d’hommes libres.
Le nouveau régime a l’obligation de poser des actes forts pour rassurer tout le monde.
Le respect scrupuleux des principes démocratiques est un impératif. Il exige aussi que les complices de Jammeh identifiés comme tels soient traduits en justice. L’Etat de droit ne saurait favoriser l’impunité. La page Jammeh est tournée mais les crimes abominables perpétrés pendant 22 ans ne sont ni pardonnés ni préscrits.
C’est pourquoi le système judiciaire aussi, mérite d’être réorganisé dans le contexte d’une démocratie authentique qui consacre la séparation des pouvoirs.
La Gambie a la chance d’être un petit pays. Ses problèmes sont certes complexes mais relativement faciles à circonscrire.
Il appartient aux citoyens gambiens qui se sont battus pour vaincre Jammeh de continuer le combat pour une « restauration démocratique » totale.
Rien ne doit plus être comme avant en Gambie. Jammeh est de l’histoire ancienne.
De nouvelles pages blanches sont ouvertes pour permettre l’écriture des prochains chapitres de l’histoire héroïque du peuple gambien.
Ce n’est pas aux gambiens qu’on apprend que les anglais ont eux aussi subi Cromwell avant d’inventer, au bout d’un long cheminement chaotique et sanglant, la démocratie moderne.