Il faut craindre que Jean Ping ne perde définitivement le peu de crédit qui lui restait encore. L’homme d’Etat gabonais vient de faire une déclaration inqualifiable où il parle de ses propres concitoyens comme de « cafards ». M. Ping dépasse ainsi toutes les bornes de la décence et du respect le plus élémentaire dû à ses compatriotes.

Hautain jusqu’à l’extrême

Jean Ping aura fait preuve d’une attitude extrêmement hautaine, témoignant d’un sentiment de supériorité que rien ne justifie sinon sans doute un ego démesuré ainsi qu’une conscience aiguë d’être l’objet d’un rejet massif de la part des Gabonais.
Comme souvent arrogance et mépris traduisent le désarroi profond d’un mal-aimé qui refuse d’accepter la cruelle et dégradante réalité de sa propre situation. Jean Ping n’a aucune chance d’être élu président du Gabon pour des raisons objectives que son aveuglement névrotique l’empêche de voir.

Si nous sommes déçus et révoltés par les propos racistes de Jean Ping, c’est que nous sommes des panafricanistes convaincus et militants, et que nous n’aurions jamais pensé que quelqu’un qui a dirigé la Commission de l’Union africaine(UA) pût faire des déclarations d’une telle bassesse.

M. Ping a–t-il seulement souvenance des discours haineux de la tristement célèbre radio des « Mille collines » qui ont participé au déclenchement du génocide des Tutsis au Rwanda ?

Ping veut « écraser des cafards »

La haine habillée de mots incendiaires peut tuer autant que les kalachnikovs. Pire, elle peut détruire la conscience et semer les pulsions de mort dans les cœurs et dans les esprits pour une très longue période de temps.

En se regardant dans un miroir, Jean Ping devrait se choquer lui-même. Il a franchi toutes les barrières morales pour se vautrer dans l’ignominie.
« Ecraser des cafards » ? Réduire l’être humain, « celui qui est la mesure de toute chose » à une bestiole, quelle dérive insensée ! D’autant pour celui qui compte sur le vote de ses concitoyens, pour lesquels il n’a ni respect ni considération. C’est un comble.

Mais comme ce fameux cycliste français pris la main dans le pot de confiture du dopage, M. Ping a peut-être aussi dérapé « à l’insu de son plein gré » ? Les pulsions de haine auront réussi à percer le mur de la conscience morale, la digue du surmoi aura cédé.

L’ancien apparatchik dans toute sa nudité

Dans toute sa nudité hideuse est apparu donc l’ancien apparatchik, l’ancien ministre déchu, le septuagénaire amer et haineux.

Jean Ping sait que cette élection est sa dernière participation à des joutes présidentielles et qu’il n’a aucune chance de l’emporter. On comprend qu’il soit tiraillé et en proie à la rancœur. Mais pour en arriver à vouloir « écraser les cafards », soit en sous-entendu ceux qui ne vont pas voter pour lui et qui ne pensent pas comme lui, il y a un pas que l’humanisme, l’éthique et le droit n’autorisent pas à franchir.

L’apologie de la haine relève des tribunaux. Envisager de les saisir dans cette affaire est une option à creuser par les autorités compétentes. Car la liberté d’expression a des limites que la loi circonscrit bel et bien. Aucune faiblesse coupable ne doit être tolérée dans ce domaine car en Afrique les questions ethniques, tribales et confessionnelles sont toujours potentiellement explosives.

Souffle sur les braises de la discorde nationale

Des propos comme ceux tenus par Jean Ping soufflent sur les braises de la haine et peuvent avoir des conséquences désastreuses.
C’est pourquoi il doit être ramené à la raison par une juste et sévère mise en garde que les autorités en charge du maintien de l’ordre et de la sécurité publique doivent lui adresser.

Faire campagne, oui. Semer la discorde nationale, non.
La Démocratie n’est pas la licence. Elle est humanisme, c’est-à-dire respect, bienveillance et célébration de l’homme dans toutes ses dimensions.
Jean Ping a de toute évidence tout faux.

 

– I. S-T

 

 

Crédit image : Jean Ping qualifie les Gabonais de “cafards”. Une violence verbale inacceptable pour notre auteur I. S-T. © Radio Okapi, CC BY 2.0, via Flickr.